Long séchage de cheveux, longue et profonde sieste (habitude de mon âge abandonnée vendredi et samedi), ne suis pas sortie malgré beau temps matin (mais invasion blanche ensuite)… sous une photo de la cour du Palais du Roure ou hôtel de Baroncelli-Javon ainsi renommé par Frédéric Mistral, ami de Joseph Lucien Gabriel Folco de Baroncelli, le dernier descendant de la famille de Baroncelli, gibelins florentins expatriés, venus s’établir à Avignon en achetant en 1469 la « Taverne du mûrier » et les maisons voisines pour créer l’hôtel familial, propriétaire donc de ce palais, locataire du Mas de l’Amarée, fondateur de la Manado Santenco ou Manade saintine et de l’association Nacioun gardiano puisque c’est lui qui fait le lien avec le Riban do Provenço dont la première présidente Henriette Dibon qui prit le nom de Farfantello lorsque, fille d’un conducteur de tramway, journaliste, comptable, bloquée dans son milieu et surtout, selon elle d'après un article de Nicolas Berjoan de Voix plurielles « Henriette Dibon, poétesse provençale, le genre et la littérature (1902-1924) » son genre, ne pouvant devenir la professeur de lycée qu’elle aurait aimé être, elle découvre le félibrige, se met à écrire des poèmes en provençal, devient visible, devient plus tard archiviste du Palais du Roure et fonde Lou Riban pour accompagner les manifestations et célébrations diverses de la Nacion, avec quatre autres jeunes femmes, dont Riquette, une des filles de Folco de Baroncelli et surtout la comtesse de Palun-Adhémar, amie du marquis et l’une des promotrices de la tenue d’Arlésienne, ce qui fait du Roure une bonne introduction pour les photos que j’ai gardées à tort ou raison du défilé de samedi.
Que j’accompagne, puisque me suis perdue dans une découverte de poèmes de Mistral, de passages d’ « Aux poètes catalans » ou « I troubaire catalan » figurant dans l’anthologie poétique bilingue réunie par Pierre Rollet (trouvée sur Gallica) parce que ce poème répondant au don par une délégation de poètes catalans de « la coupe d’or » exprime à mes yeux non un nationalisme politique même s’il a dit en 1861 « C’est un manifeste rattachant la renaissance provençale au grand mouvement qui met les nationalités en branle… » mais une appartenance partagée à la Méditerranée et à la la langue d’Oc, puisqu’après avoir rappelé la croisade des barons du nord et de Simon de Montfort et « De Pèire d’Aragoun, fraire, ben nous souvén.. de Pierre d’Aragon, frères, il nous souvient / Suivi des Catalans, il vint comme le vent / Branlant sa lance bien pointue »… il exprime plus loin combien en temps de tumulte, de guerre ou de crise il est bon d’être de France (ou d’Espagne) « Car es bon d’astre noumbre, es béou de s’apela… Car il est bon d’être nombre, il est beau de s’appeler / Les enfants de la France… », avant de retrouver, dans la paix cette fraternité
« Alor, li Provençau, semé lou tambourin
Alors les Provençaux, avec le tambourin
Qui fera tressaillir la barque et les marins,
Nous nous rendrons à vos joutes :
Aux vignes d’Alicante nous pendrons nos cépages
Et quand vous donnerez des courses de taureaux
Nous vous amènerons des taureaux de Camargue »
Pauvrets dit Brigitte mieux vaut pour eux les courses camarguaises où ils jouent à faire perdre les raseteurs.
« Alor, li Catalan, d’oulivié freirenau..
Alors, les Catalans, d’olivier fraternel
Couronnant vos fronts, couronnant vos navires
Au mois de mai vous viendrez nous voir ;
Et nous causerons d’amour, des vins, et des moissons,
Et nous chanterons nos chants
Et nous parlerons de nos ancêtres. »
« Fraire, que lou bon Diéu escampe si blasón
Sus li oulivo e li rasi
De vosti champ, colo e valengo !
Frères, que le bon Dieu répande ses ondées
Sur les olives et les grappes
De vos champs, vallées et collines ! »
Me reste à implorer votre pardon, me suis fait plaisir, j’aurais mieux fait de m’attaquer au repassage et de ne pas vous ennuyer… D’autant qu’entre mes doigts doués pour les fautes de frappe et Pages corrigeant automatiquement le provençal en mots sans aucun rapport, ces sottises m’ont pris un temps insensé.
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