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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, mai 09, 2009

comme jeudi, ou vendredi matin, j'ai rencontré le passé, les morts, leurs noms, sur des billets, je pensais à eux dans une fin d'après midi brouillasseuse (plus en moi que dans le ciel qui avait alterné plafonds nuageux et courtes surgissances du bleu)
Ces morts, ceux qui ont été importants en leur vivant, qui ont compté, dit-on, dans l’histoire, dans la pensée, dans notre passé, dans... ce qu’on voudra, et dont on assure que notre âge est fait, même quand il s’est construit contre eux. Ceux que l’on apprend. Ceux qui ennuient les enfants, et parmi lesquels ils se choississent pourtant des étendards.
Ces morts, ceux qui sont salués unanimement, à grands coups de trompettes, à grands attendrissements des foules, avant de s’effacer dans le magma gris du passé, ou d’être déconstruits avec jubilation.
Ces morts qui échafaudent l’appui invisible du présent.
Tous ces morts anonymes et souvent morts de mort violente, rencontrés dans la vie, notre voisinage fortuit, ou dans des images qui tournent autour du monde, suscitant de moins en moins de stupeur, ou d’éphémères colères ou des flambées de compassion, ces morts auxquels nous devrions au moins un lamento de pleureuses méditérannéennes, mais silencieux, et qui ne s’éteint jamais totalement mais se ranime pour en accueillir de nouveaux.
Franchissant une frontière, vers l’intime, ces morts dont on me parle, et ceux dont je parle, ces morts qui pèsent sur des aimés ou amis et que l’on regrette avec eux sincèrement vraiment en grignottant des canapés, qu’on leur rappelle quand il le faut, quand cela leur est besoin, que l’on retrouve au détour d’un souvenir ou d’une idée, ou d’un paysage.
Ceux qui m’accompagnent, et puis les, rares, ou le, à qui je parle, qui ne sont pas au plus profond de moi, comme on pourrait le dire, mais qui sont moi, que je porte - mais qui ne sont pas moi.
Et parfois je m’arrête sur l’idée d’eux, et me demande si je ne les ai pas ainsi, au fil du temps, déformés, et alors nous parlons d’eux et, dans ce que vous, mes proches, en dites, je ne les reconnais pas tout à fait. Et nous les recréons par nos mots, en petites touches, en petites lumières, et je peux les regarder de l’extérieur comme des étrangers bienveillants et bien-aimés.

10 commentaires:

Gérard a dit…

Jusqu'à ce que vie s'en suive ..je préfère !

joye a dit…

Très joli texte, brige ! ♥

Marie a dit…

ah voici la poste que j'ai fait référence a dans mon commentaire précédent.

chase a dit…

ah non je voulais dire raphaelleae

JEA a dit…

- "Dans les couches molles de l'oubli, au milieu de ces morts qui n'existent plus...Rallumer la flamme, la vie...Frotter entre elles les pierres du silence."

Claude Duneton
("Le monument", Balland)

Saint Glinglin a dit…

Les morts nous ont nourri et nous nourrissent encore. Nous sommes antropophages.

pierre a dit…

Le ciel était-il si triste, chez toi, ces derniers jours pour mette novembre en mai ? Un brin de nostalgie n'a jamais fait mourir personne.

JEA a dit…

On se sent éphémère à revenir attiré par la lumière noire de cette page.

- "On comprend la mort de ceux que l'on aime au détour d'une phrase dont le ton est seulement un peu plus assourdi que les autres. Mais ce sont les mêmes mots qui disent le plaisir, le monde des joies, des travaux et des futilités, les mêmes mots qui servent aussi à cerner le dépassement et la fin du chemin, l'absence infinie."
Philippe Claudel
("Meuse l'oubli")

chase a dit…

Ces morts qui échafaudent l'appui invisible-magnifique mots et aussi sin pauvait voir tous les connections dans notre vie et la vie des autres dans le présent et le passé (quand même il n'y a pas de passé juste le présent qui devient l'avenir) et si on pouvait voir qu'elle fascination.

a bientot je retourne a mon ancien horair de blogging les 2 première semaines du mois. Il faut avoir un système qu'on ne suit pas ha ha.

native d'Avignon a dit…

Tous nos souvenirs se déforment au fil du temps.
Même ceux qui nous concernent personnellement. Déjà qu'il est difficile de se connaître soi-même, comment être sûr que ce que nous conservons d'un être cher soit bien conforme à sa réalité, je veux dire à ce qu'il était réellement au fond de lui, tel qu'il se percevait ?
Nous sommes en perpétuelle évolution, nos souvenirs aussi.
Seuls les objets restent fidèles à eux même (à condition qu'il ne leur arrive rien de fâcheux, et la poussière en plus, bien sûr).
En ce moment je tente de dépoussièrer mes souvenirs.

Touchantes la montre et la pipe dormant côte à côte.