Images comme peuvent – mots non emportés par le vent, mots copiés

Suis partie chez petit toubib, en tout début d'après-midi, dans de belles rafales, qui faisaient osciller les cyprès, me stoppaient, se mourraient subitement et provisoirement, et je me trouvée emportée en avant par la résistance devenue inutile,

faisaient danser les premières feuilles tombées,

mais ne pouvaient rien contre la grue qui barrait le ciel.

Pour une fois l'attente et la visite n'ont duré qu'une heure et demie, ce qui m'a laissé le temps de passer au Cloître Saint Louis, d'où une avalanche de photos (ai gardé celles qui respectaient à peu près les tons des oeuvres) – prévenus êtes - avec des bribes des présentations du catalogue et les quelques mots que le vent ne m'a pas volés

Au rez-de-chaussée, surtout de la peinture, avec Philippe Croq , que j'ai plutôt aimé, mais sans que me saute aux yeux : « les souvenirs d'enfance – photos, objets, mots – mais aussi les faits divers, figures célèbres, bribes de chansons, autant d'emprunts à l'esprit du temps, font des apparitions récurrentes sur mes peintures » - défaut d'attention et d'acuité de mon esprit. http://www.philippecroq.com

Les trois grands panneaux juxtaposés de Kristian Desailly : métaphore, anachorète, catachrèse, et quelques toiles de dimensions moyennes, plus aérées http://www.kristian-desailly.fr : « J'ai un penchant pour le primitif, » (sourire), » d'où une affinité avec les Cobra, l'art des idiots et des fous, dont je revendique l'aspiration à suivre son rêve. »

deux grands tableaux d'Oddbjorg Reinton sur lesquelles ai retrouvé les gorilles

deux toiles que je n'ai pas aimées, et celle-ci, « le train », qui m'a davantage séduite, de Jean-Philippe Pernot http://www.jpartlife.com. « L'artiste glisse sur toute la gamme des possibles rendus photographiques pour ne pas enfermer son oeil et le nôtre dans une seule vision, mais interroge le voir et le savoir de ce voir. »

trois toiles, dont celle-ci, ma préférée, de Marc Meurisse «Les murs, expression du vécu des hommes où s'accumulent les griffes du temps, les parcelles d'une histoire plus ou moins immédiate et le témoignage furtif de l'intimité des hommes exprimé dans l'urgence. »

des panneaux, et toutes petites toiles, assez séduisantes, rouges ou bleues, de Françoise Blondel - « une certaine idée de la nature, de celle que l'on découvre simplement au gré d'une promenade mais qui vous émeut profondément sans vraiment savoir pourquoi.... Mon travail de peintre consiste à construire de nouveaux espaces qui expriment la solidité et la mouvance de la nature. »

et le charme des petites huiles sur papier de Jiang Bian « La vie amène son quota d'imprévus. Ele est à la fois absurde et heureuse, dotée d'une finitude ».

Sortir dans le cloître, pour quelques pas, la porte sur l'escalier – monter deux volées, et au premier étage :

plusieurs toiles (que j'aime bien), claires et très construites, de Josette Renard : « …. couleur et lumières, mariage secret moiré dans l'enfance... »

et, dans la grande galerie, au centre, les stèles, bornes que j'ai aimées de Patrice Poutout « enracinées dans la matrice, elles se dressent volontaires et fortes.. » et leur bois prend des allures de roches.

Un certain nombre de toiles, aux couleurs séduisantes, plus ou moins personnelles (impression toute brigitienne), certaines fort réussies de Paule Tavera Soria « C'est le dessin, acte premier, qui affole les pôles, la couleur contre la douleur, la douceur du trait contre la mort, la ronde des pigments magnétise ses pinceaux, c'est cela l'acte vif et joyeux de P. Tavera »

les belles photos d'Anne Julien qui se refusaient (ces deux là un peu moins) à mon appareil pour cause de reflets des grandes fenêtres devenus envahissants... qui font « … vaciller la représentation objective vers une autre vision »

tout le peuple de petits personnage en fil de fer d'Anne Duval http://www.anneduval.fr

« Fil de fer,

tu te déroules entre mes doigts

… ton écriture si légère raconte des histoires

pour faire sourire les enfants tristes.. »

et derrière, au fond, dans le couloir, le plus grand des trois beaux « kimonos » (petites plaques de zinc, fil de fer galvanisé, mordant) d'Élisabeth Gerony : « Les jeux des gris et des noirs, les lignes de force et l'équilibre sont les bases de son travail.. »

quatre ? toiles carrées (100 X 100) ) que j'ai beaucoup aimées, dont je garde ces photos qui les éclairent un peu trop, tant pis - de Danielle Desnoues - « se priver de la couleur pour rechercher une autre expression de la lumière me conduit à mettre en valeur les formes de la lumière sur le fond de l'ombre, les formes de l'ombre sur le fond de la lumière, à laisser filtrer la lumière au coeur de l'ombre. »

sur une grande table au fond de la galerie les petits moulages en béton de Marie Jeanselme - « les objets que je fabrique ont pour enjeu d'interroger notre place dans le monde contemporain. Ils questionnent les limites d'un univers de prolifération qui contamine nos conduites et notre environnement.. »

et, dans le couloir, quatre mouvements de visages très lumineux de Sébastien Atlani http://www.atlani.info

grimper au deuxième étage, et se trouver devant quelques beaux dessins (sous des verres ennemis des photos) et nombre de panneaux et toiles de l'invité vedette Dominique-Pierre Limon http://www.limon-dominique.com

qui m'ont, au premier regard, heurtée par certaines couleurs « fausses », avant de m'arrêter devant elles et d'entrer dans leur dynamisme

« La couleur va son élan comme son coeur impulse son rythme au sang, comme la Sorgue se défait entre les roches et peigne échevelant ses algues..... Bleu roi, violet, carmin s'énamourent ; le vert est rivière et algue et vent et herbe de la rive ; le soleil fait tache rose, mauve, jaune, indigo. » (Martine Monteau)

et ses sculptures qui, elles, m'ont plu d'emblée.

M'amuse de trouver dans le texte de Martine Monteau « rose, mauve, jaune » la succession de mots que je me récite quand je veux essayer de prendre l'accent).

Voilà, voilà - très classique en somme - pardon pour la longueur.