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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, décembre 03, 2011

Samedi, c'est lendemain de vases communicants – et c'est rite


Plaisir et crainte de ce rite – léger soupçon, aussi, que je repousse, parce qu'il me dissuaderait, que j'en fais une chère habitude, en partie, dans le désir inconscient d'être lue (donc pour mon bien, tournez bride).
Sottise (ou non) dite, il y avait, pour autant que j'ai su lire, en ce premier vendredi de décembre :

honneur aux derniers parus, parce qu'ont eu des malheurs (dont in fine mon impatience honteusement insistante) :
à propos ou non de : « Lors d'un échange de nœuds, quelle est la probabilité pour que l'un des brins s'exténue ? » petites merveilles de fantaisie et construction sur.. pas drôle
all you need is question Ben :
le résumé d'un drame ou spectacle savoureux (épisodes condensés, entrecoupés de voix off) « Avec par ordre d’apparition la première question le roi l’armateur le général de la question les généraux de la question et le père Noël. » - longue et belle oeuvre en sept épisodes (dont un censuré) et autant de voix off – je me bornerai à l'épisode censuré :
« Après l’échec cuisant de la mise en bourse de la première question l’armateur se lance dans des opérations de séduction qui plus est tente d’imposer des shows première question sur l’ensemble des médias sonores et écrits. D’abord ça ne plaît à personne puis pour des raisons qui échappent encore aux analyses d’un médiologue réputé monsieur Ben, la première question «Lors d’un échange de nœuds, quelle est la probabilité pour que l’un des brins s’exténue?» rencontre un succès foudroyant.
(Cet épisode a été censuré dès sa première diffusion en raison de son caractère subversif). »
et vient, enfin, la dernière image : Monsieur Ben penché sur une fleur et une voix off « la question es-tu derrière elle ?'
et
un texte malmené par des gestes brusques, une petite table qui « portait à peine les coudes pour ceux qui étaient autorisés à en avoir », l'autre et puis l'interrogatoire, les rebuffades sur rebuffades à propos de la question, mais on ne peut y échapper à la question, pas plus qu'on ne peut éviter de voir la corde.. bon il faut suivre, il faut lire... et les coups ne sont pas une réponse suffisante.
Mais
« Tu vois, même lui, il acquiesce. Nous sommes tous redevables à la question. Nous sommes tous affiliés à la corde. Et /cloc
Nous sommes du bon côté. Réponds. Tu le connaissais ? »
changement de bobine, et cela continue, creuse
« Soufflé par la question, Que répondras-tu, Il n'y a rien à répondre, Tu le vois bien, Tu t'enfonces déjà, Tu es déjà mort, Ou presque, On dirait u/ cloc »

musique, pianos et mots
tout un monde lointain :
écouter ou non du piano seul, réflexion puisque écrit sur le blog d'un pianiste « Mais le piano est mental – sur certaines journées de travail, je pourrai laisser en continu les variations Goldberg ou les Diabelli. J’ai probablement plus écouté les Diabelli (et son dernier quatuor) plus que tout autre fragment du monolithe Beethoven. Sans doute c’est banal, c’est l’époque, les routes qu’elle trace pour vous. Parfois je vais ailleurs, j’aime bien le toucher de Brad Mehldau, mais il y aura ensuite le 111 ou le 117 de Brahms. » eet si ne suis pas d'accord sur tout (j'aime le jeu entre piano et voix dans les lieder, et aime les sonates pour violon et piano), me suis régalée
« Ils n’écrivent pas pour piano, ils écrivent leur idée de la musique. » et le rapport entre les écritures , celles-là et la sienne.
et
croire ne puis cela que sais bien :
un rhume qui vient, le souvenir de la lecture de Charles d'Orléans, de l'ami qui veut le mettre en musique,
« lui ou Paul Blackburn (1926-1971), il hésitait. Un peu plus tard, autour d’une pizza à la Pointe Rouge, je lui avais parlé, moi, avec enthousiasme, du livre que je suis en train de lire : Ma mère, musicienne, est morte d’une maladie maligne mardi à minuit au milieu du mois de mai mille977 au mouroir Memorial à Manhattan, de Louis Wolfson. », les liens tissés entre tout cela et le ton de Didier da Silva

une photo, un nom
Puis-je vous aider ?
La boutique Eurotokritos, dans une cour, Louise la vendeuse, Dominique le client qui tourne dans la boutique, la question et
« — Oh oui, je le crois bien, mademoiselle, s’amuse à lui répondre Dominique, serrant, un peu plus fort, dans la poche droite de son manteau, le corps en plastique rouge d’un cutter automatique. »
et
rendez-vous chez Eurotokritos avec celle qui arrive de Grèce, et là c'est un vendeur qui vient vers eux : Nicolas, et puis l'essayage (Nicolas laisse faire) à deux
« nous étions comme dans la cabine d’un navire qui tanguait, pourtant les vertiges c’était fini, l’instant semblait magique, l’odeur des vêtements neufs asticotait mes narines, cet après-midi j’aimais la marine, la mer Egée, le vent sous les îles, les petites maisons blanches, le ciel imperturbable, je me perdais dans la bouche de l’étrangère et j’aurais voulu que le temps soit celui, fixé à jamais, d’une photo imprimée et mise sous cadre, celle qui demeure alors que nous sommes déjà partis, peut-être pour toujours. »

chutes
chute – définitions du mot, un très, très beau dictionnaire
« Magie qu’a l’eau de nous étourdir de sa rumeur, et comme son incessant bouillonnement devrait nous amener à la pensée des sources renouvelées plutôt qu’à celle, toujours, des estuaires finissants »
et
petit flocon :
nous raconte sa chute, parmi tant d'autres, et l'est doué le petit, et amoureux d'une jeune bouche
« Comme si, depuis là-haut, depuis le point indéterminé de mon origine, nous avions toujours eu rendez-vous, je viens me déposer sur tes lèvres, baiser glacé et humide, magique et inattendu, pour te remercier d’échapper à ma fatale condition, couler un dernier jour heureux en te réchauffant d’une joie enfantine. A moins qu’avant même notre délicieux contact, ton souffle brûlant ne me sublime et que, moi, petit flocon, bien avant tous les autres, ne m’évapore, ne m’élève, et un jour me reforme pour rechuter encore. »

échanges photos et blogs
Machinal :
« longtemps j'ai trimé de bonne heure... » un court et dense texte sur le passage, chaque matin, visage have, d'elle endormie, à elle la machine
« D'un coup de clé luisante, je l'ébranlais. Elle frémissait, soufflait, crachait. Nous restions ainsi immobiles quelques instants. Pour la première fois de la journée, j'étais vivant.
Puis, sans hésiter, j'enclenchais le levier dans le premier interstice. Nous partions sans bruit dans les profondeurs de la forêt. »
et
hérissé au sol :
la chute d'un conifère en quatre clairs paragraphes
« Un craquement se propage, dans la caisse-clairière de résonance, avant que le tronc ne bascule ; voilà l’effondrement, étouffé par la souplesse des branches qui ploient en s’abattant mollement sur l’humus. L’hérissé, au sol, est devenu autre. »

l'âge
de ma main sur ta joue
prose poème jeu avec les mots, une très jolie évocation de l'âge pour s'en consoler
« Les mois abusent les ans. L'émoi a bu s'lésant. Dans le fond d'une poche, les grains de sables froissent mes doigts désalés. Quand le font des proches, les gains de "ça" froids s'aiment, doivent dé-salir. »
et
ballade du troisième âge :
doux poème de ce jeune homme (dit celle qui sort du 3me âge)
« Ami, fi de terminaison !
Aujourd'hui commence un voyage
Tu peux ranger tes oraisons :
Non. Vieillir n'est pas un naufrage. »

brise-lames, brisants et papier
en un beau souffle, naissance d'Eros
« Ecoute : ce craquèlement léger à la surface de la lune argentée. Elle va s’ouvrir, la lune, dans ton lit. Elle va enfanter et toi tu t’affoles, il fait noir encore, il fait si peur. »
et
en écho au brise-lames , Juliette et Robert sur le lac gelé, malicieux poème
« J’irai récupérer le bateau au fond de l’eau, 

je le déplierai à la surface. 

Et sur ce lac de papier, 

nous referons glisser nos cœurs »

leur rapport à la photo
la voix de Franz –
l'entend cette voix de Franck, et nous parle de lui, et dit, ou plutôt sous-entend, sa noblesse.
« oui, la voix de Franz habite la cité engloutie des anciens pêcheurs, des pêcheurs disparus en mer ou sur terre, dans les Hauts, s’enivrant à la bière ou au whisky à longueur de journée faute de pouvoir aller en mer, la voix de Franz dit tout cela sur son trône au milieu des ruines du présent, je l’écoute, elle me parcourt, elle est là, la voix de Franz, dans cette chaise vide au dossier cassé, je passe devant elle, ne m’assois pas, la regarde juste, son seigneur absent, sens – le tranchant – de son sabre – de son couteau – m’effleurer – la voix de Franz – comme une lame – invisible –coupant – sectionnant quoi ? »
et
Nationale 0 carnet de repérage :
narrateur arrêté dans son auto-caravane , au bord de la digue, dans un terrain vague, description du terrain, de la route, de la dérive sur la route, en phrases précises comme une dissection, mais sans froideur sèche
« Désir de voyage en forme de dérive, sans but - si ce n’est celui de dériver. Dériver, c’est renoncer aux raisons de se déplacer et d’agir, aux relations habituelles, aux travaux et aux loisirs qui nous sont propres, pour se laisser aller aux sollicitations du terrain et des rencontres qui naissent de la route et du mouvement lui-même » …
on continue à suivre l'auto-caravane et le narrateur, et puis : « Un paysage presque désert d’eau et de roseaux, au bord de la mer. Aux abords des marais salants de Guérande une jeune femme aux cheveux noirs, toute en rondeur, Juliette, sort d’une cabane en bois avec sa fille de deux ans et se dirige vers une route caillouteuse »

métamorphoses ? Oui, disons métamorphoses
la nuit je fabrique des monstres :
très jolie rumination sur le courage nécessaire pour écrire chez Guillaume Vissac, selon la bonne-mauvaise habitude de se lancer dans des trucs...
« Tu ne sais pas comment prendre le truc, tu ne sais pas l’apprivoiser et pourtant c’est sans doute la seule chose qui te colle vraiment à la peau, qu’importe l’opacité, tu n’es pas si paumée finalement, juste un peu égarée dans ce qui ressemble ce soir au brouillard, reste plus qu’à le découper en morceaux et tout ça sans couteau.Tu peux encore faire semblant, suggérer à ton corps défendant de rester perméable, maquiller ton intérieur comme une voiture volée, il te restera toujours une arête en travers de la gorge ou un angle saillant sur lequel te cogner si tu prends la tangente » (le dirais pas aussi bien mais me sens soeur)
et puis l'histoire, le rêve de cet enfant prématuré qui venait d'elle, créature hybride (preuve qu'elle est créatrice)
et
« Métamorphose (très) librement inspirée d’un (certain) fait divers d’il y a quelques années. »
les allumettes : « Les bras les jambes des allumettes crépitent et A., et B., et leurs souffles et leurs ombres emmêlés. » qui courent devant les loups « Les loups sont tout sauf doux, les loups sont en Kevlar. Ils cherchent à l’oeil la forme en fuite de leurs deux proies » - Niké, Hadès .et B suit A mis lui rappelle qu'il ne doit pas se retourner... alors courent - « A. se déchaîne : ocre sa peau se tire hors de lui-même et son visage le fuit. Il frôle les conducteurs. Les squelettes, pylônes, sbires du grand H, se penchent vers lui pour le toucher. A. lâche les doigts de B. son frère mais se retourne, dit : désolé. Le pylône chope son corps par l’épine (hurlent les loups dehors) et ouvre les vannes de leurs Watts. Mais avant que le courant jaillisse, Niké souffle sur A., tous les remous s’effacent et sa peau se torsade. » vous laisse découvrir la suite et reconnaître le fait divers lamentable.

presque correspondance
une vidéo, un texte, une histoire : la grande descente
« J'ai le nez creux, une fois n'est pas coutume, quand ce héros déchu à l'air perdu hésite et que je l'encourage d'un geste de la main, en remarquant qu'il existe encore entre lui et toi une amitié qui réchauffe ce lieu glacial »
et elle nous indique gentiment quelle était la convention envisagée (écrire en prenant des mots du blog de l'autre) qu'a appliquée par Christine Jeanney – et ce que, elle, elle en aurait fait.
et
avec sa fantaisie habituelle, offre un joli texte à partir d'un nuage des mots les plus utilisés sur le blog de Camille
« [l’air légèrement m’échappe me fracasse] [le cœur a vent de petites cornes] [les lunes frottent, doivent mettre la matière chiffon quand l’heure de l’ange prend l’onde] [l’ange devenu herbe.. »

toubibs et macchabées - état final de tout un processus commun sur https://docs.google.com/document/d/1gAKlmqNGtu_xJN8XfJjAe3kQH65aTnmM7ldNsuiGOlo/edit?pli=1
un qui raconte sa rencontre juste à la fin du délai indiqué par son docteur (lui a annoncé qu'il était condamné – et c'est vert et savoureux, ben oui), rencontre avec le docteur en question, et … ma fois c'est long et il est conseillé de lire
juste, en chemin : « C’était pourtant simple : non seulement il venait de m’offrir ma revanche sur les probabilités et leurs cousines statistiques, mais il s’était aussi complètement fourvoyé dans son diagnostic de maniaque. La médecine n’est pas une science exacte : elle retarde d’une heure, quarante-cinq minutes et douze secondes. »
et
jamais un macchabée n'abolira le hasard –
autopsie d'un cadavre comme jamais vu qu'il raconte le toubib - en parlant surtout de Simon (« c’est lui qui me les convoie du frigo jusqu’au bloc ») d'un cadavre pas vu en fait, parce que plus là, ce qui pose problème
« À moins de supposer qu’on l’ait dérobé. De loin l’hypothèse la plus plausible. Plus de cadavre, plus de preuves!… Mais dans l’intérêt de qui? Puisque tombé sous les balles des flics! Et vraiment pas du gâteau de s’introduire dans les locaux de l’Institut. Un vrai bunker pour qui étranger aux services… Que des flics aient l’idée tordue de le faire disparaître?… Pas le genre de la maison! Rare qu’ils débordent d’imagination, les poulagas. Même quand ils avaient besoin d’échapper à l’I.G.S. Pitoyables, la plupart du temps, les fictions qu’ils leur servaient. Ces tirs dans le dos parce que la menace d’une arme… » et puis, voilà, il y a une solution

l'échange entre Danielle Masson et Jacques Bon n'a malheureusement pas pu avoir lieu – une autre fois...

marcher vers
la nuit se déchire par le centre :
une marche, en groupe, dans la nuit – une pause en retrait d'un lieu-dit – un texte sensible, un beau moment
« Il existe un éventrement de la nuit : sur son obscure paroi, une ligne, dont tout part, et autour de laquelle on sent augmenter la tension entre le ciel d’aube et la terre, en refus, qui se braque de toute sa noirceur. L’œuf se fendille soudain. L’horizon apparaît. On se trouve aux créneaux du jour. Tout va lent à se détacher. »
et
vers un ailleurs tout près de chez vous :
marcher dans la ville, au bord de la mer, avec sa fille dans ses pas – besoin de nature, et pas de nature formatée-parce-que-c'est-la-mode, de jardins composés comme horizon – difficile de rendre compte, une fois encore, simplement conseiller de lire, de suivre le cheminement mental, et celui des pas et des yeux
« Pour se promener. Siester. S’allonger sous un arbre. Ne rien faire. Ne plus consommer. Ou alors, que des choses immatérielles : ouvrir un livre, par exemple. Un livre qui inventait un monde. Ou qui vous parlait de vous. Du passage des saisons. On pouvait aussi faire des choses non rentables ou qui ne servaient à rien : jeter des pierres dans le ruisseau ou recevoir la joie de votre enfant quand il trempe ses pieds dans l’eau de l’étang. »

charpente métallique, pont, je me souviens
j'aime (Brigetoun aime)
je me souviens … d'un amas de tôle, de la nuit, d'être tombée, là à côté du pont reliant la vieille ville décadente à la nouvelle cité, où tu m'avais amené, petit frère... lisez donc, impérativement :
« Je me souviens de tout cela. Avec une douloureuse acuité. Maintenant que je cherche. Que je n’ai plus d’autre choix que de chercher… »
et
« je » me souviens : les premiers trains à grande vitesse, un voyage pour enquêtes, en première, du « je » peu conforme et son regard sur les passagers, l'ambiance, la certitude de se faire renvoyer, et maintenant, là, une photo, photo de gens jeunes
« quarante ans plus tard, cette photo, cette jeune fille de dos, ce couple, cet autre, ces gens qui n’étaient pas nés et qui, bientôt dans un train sûrement, je me souviens… Qu’est-ce qui peut bien faire dire que c’est la Corée du Sud ? La longueur de la jupe ? Le t-shirt du garçon ? Les cheveux ? Les élancements des structures d’acier, des rivets, des courbes et le travail que tout ça représente ? Dehors, il fait si doux. »

ne pas connaître
Poème-aleph :
strophes pour ce secret, fut-il
« le charme de la pénombre quand le soir se fait, et que montent en spirales l’odeur de l’été le silence de l’été (où l'eucalyptus invente de nouvelles constellations)
et que ployé vers la terre le ciel se creuse de puits, percées pour la lumière et la forme floue des nuages, où vient couler l'heure lente briller l'heure jaillie : du langage, comme une lave et serrant ciel et terre, venu s'échapper là »
et
elle ne me reconnaît plus :
la ville, côtoyée mais effleurée, et qui se transforme sans cesse, terrain des lutes de pouvoir etc.., ostentatoire et narcissique, la ville qui n'intéresse plus – mais ce qui compte c'est la façon de le dire
« De ses fils distendus, de ses arêtes savantes, ne sort plus rien de vivant et elle s’emmêle les idées, délaisse ses habitants, oublie sa vocation à rassembler, à unir les peuples. Elle ne vit que pour elle, la ville, ses lumières, ses routes rutilantes, son macadam poli, ses strass et ses paillettes au devant de bâtiments administratifs aux allures de cathédrales ou de temples pharaoniques. »

fouiller ses poches dans le monde
Nolwenn Euzen

dégringoler les bords :
son écriture, trop rarement rencontrée (et un joli montage) - inadéquation, Brigetoun flottante devant les mots – cerveau atrophié – sentir
«Il suffit que le monde, son fond de poche dans tes mouchoirs.
Tu penses beaucoup si c’est pour le sentir. Dégringoler les bords.
Je prends tout. Attrape ! »
et
Métropismes :
notes journalières, sur l'une ou l'autre ligne, je et tu, il et elle, nous et vous, on (mais parfois juste je, ou juste on, ou..) – et Brigetoun aime ça
« Je me retiens, tu aimerais dire autrement les choses qui picotent, il regrette d'avoir parlé trop vite, elle dit c'est se séparer qu'il faut, nous parvenons à nous écrire quand nous sommes loin l'un de l'autre, vous regarder dans les yeux ce n'est plus possible, ils cherchent des réponses dans les prunelles des autres, elles se demandent comment leurs voisines s'en débrouillent, on n'ose pas poser la question, ça pue des fois. »

deux textes de Sarah Dubas, si j'ai bien compris, avec une photo d'Ernesto Timor pour l'un
coeur animal :
un vivant, spirituel, beau dialogue entre L et LL, une très jolie cour, et LL garde la parole à la fin
« attend laisse-moi remettre un peu de rizotto heureusement le corps garde la mémoire de l’avant fragile les excès de plaisirs chaque jour on apprend la mort de quelqu’un ici chaque jour pince le cœur où est ton visage attends je ne te vois plus — attends tiens-toi encore un peu non ne repars pas t’asseoir où est le bleu — tout ce rouge partout je veux me battre avec le feu la terre et les Dieux — chut armée de fantômes dans la tête toutes ces fêlures dans le mur — j’ai oublié ton visage tout trépigne dehors ici tout est est calme encore — tu es si belle sur le mur carcéral »
et
Ernesto Timor a fourni trois photos d'une fille en slip qui fait des bulles, illustrant http://lsarahdubas.over-blog.com/article-jamais-de-vodka-le-vendredi-90932938.html – à nouveau un dialogue « jamais de vodka le vendredi »

suivre sa route
suivre sa route ?
Oui, mais où va-elle. ? Vertige
« Pourquoi Montaigne raille-t-il le philosophe pris de vertige, incapable de résister aux représentations de vertige, de chute, de verticalité, suspendu dans une cage au dessus du vide … humiliation de l'esprit, certes. Mais, je ne comprends pas, je n'y comprends rien, se balancer au-dessus du vide de notre monde, terrifié … je ne comprends pas le rire de Montaigne, j'entends le rire de Montaigne, mais je ne le comprends pas. Et cette représentation, là, à cet endroit précis du monde, me remplit de terreur. »
monde trouble à travers début de larmes, brume, brume de chaleur, la mer...
et
suivre sa route :
toutes les routes dans nos vies, qui viennent et doivent respecter la route de l'enfance – longue et belle méditation
« Mendiants de l’amour, glaneurs de lettres et de mots, rien ne suffit à nous écrire. L’enfant sait déjà l’indispensable bricolage, qui se fait un château de sable pour attendre dans une jubilation anticipée sa destruction dès le retour de la mer. »

nouvelles
deux amies, différents flashs dans le temps, et via une poubelle et les restes d'une mercerie, le souvenir de la robe rose de grand-mère (du récit-
« Et dans un coin une malle, une malle ouverte un jour et dans laquelle elle découvre une robe rose. « Le robe rose de grand-mère ». (Peut-être le titre du devoir ?). L'histoire, banale en somme, était bien écrite et bien lue. Souvenir marqué peut-être par une légère empreinte de jalousie ? Elle s'en souvient comme si elle l'avait écrite elle-même cette histoire. L'année suivante, elles n'étaient plus dans la même classe. »
et
une nouvelle « Zombria » l'histoire de Maria et d'Alexandre de la compagnie des trains
« Alexandre dit que peut être il l'avait une dernière fois entrevue un soir sur un quai de la gare, derrière une voiture d'enfant, (mais c'était dans les derniers jours de la capitale, les ambassades baissaient pavillon, la ville était pleine de bruits de foule et on peut se tromper de silhouette dans une foule, on peut confondre deux personnes, deux robes, deux allures) »

le cirque :
joli petit poème dédié à un funambule, jongleur et bouffon absent
« Dis-moi l’Ami quel est le nom de ce vent capricieux qui t’a emporté là où le verbe aimer se conjugue au passé ? »
et
la piscine :
un chat qui perd une patte sous le camion de Paul, des cigales envoyées à Paul pour qu'il se corrige, Paul qui a emprunté sans rembourser pour construire une piscine et acheter le camion, et celui qui raconte, après la patience, mais après lecture du journal, envisage représailles – le tout avec un ton plutôt guilleret
« Je sais pas si Paul était très attaché à son chat, enfin je suppose que si parce qu'à son âge, au nôtre donc, on se détache vraiment des gens avec leur visage pincé et cette manière qu'ils ont dans la rue de ne sourire que si ils téléphonent; avec le temps on s'attache aux bêtes, aux chats, aux chevaux. » mais curieusement (euh ?) le Sergio Rotolo qui raconte n'incite pas à la plus légère sympathie (de ma part du moins, honte à moi)

03:42 et 13:42
horaire de 0h42 à 0h53, courtes notations, poésie
« c’est aux poètes proclamés que tu t’en prends, toujours ce vide, cette facilité, de coller les mots un à un ensemble pour former un nouvel ensemble qui justement ne veut rien dire. Le néant. Parce que ça fait bien. Parce que the dark side of the force. Parce que ça fait passer pour smart quelque chose d’absolument obscur dès l’effleurement de l’idée. Le vide et l’absence de sens, rien d’autre. » jusqu'au rendez-vous avec la mort, jusqu'à la rencontre du texte de Quentin
et
15 h 42 à l'horloge de la grand-mère, 14 heures selon le clocher – la campagne
« . Les nuages, car ils étaient nombreux et immobiles, se distinguaient nettement sur le pâle bleu du ciel, ondulant dans leurs contrastes comme la mer quand elle mousse en écume sur le bord du sable. Un arbre, qui avait du vaciller, emporté dans la bourrasque d’une énorme tempête, s’était figé la tête en bas, son feuillage caressant le crâne d’un cerf mâchant ridiculement de l’herbe quelconque. La forêt en face de notre grange se présentait comme une mousseline foisonnante, au dehors de laquelle à divers endroits tentaient de s’échapper des pinsons, des merles, des étourneaux. »
15 h 43 les deux horloges en accord et : une fois encore lisez en vous gardant du vertige.


Fin
se préparer à la fin de la nuit se préparer à entrer dans le cinquième âge, en finir
« avec les cercles vicieux, la quadrature du cercle et les ronds-points qui ne vont nulle part. Je m’apprête à commettre l’irréparable, à briser l’anneau, celui qui me lie aux servitudes sociétales. »
dire adieu à l'effeuillé... joli texte
et « Demain, je commence une longue marche jusqu’à l’île de Sein où je retrouverai mes sœurs qui entrent aussi dans l’âge de la migration et nous célèbrerons le grand rituel auprès du Grand Chêne à la pleine lune. Puis nous partirons pour le grand périple qui nous libérera de la crise et de la morosité. » notre privilège à nous femmes de cet âge
et
fin d'année :
les repères qui s'estompent. Le temps n'est plus devant mais en toi, seules restent, ayant marqué leur trace, les douleurs
« Tu l’as deviné quand tu as approché cet espace si proche de toi. À cet instant là, s’est abattu cette conscience de ne l’avoir vécu. Seules les douleurs savent revenir avec intensité, les bonheurs eux se jouent de nous à l’unité, au “coup par coup” mais pas la souffrance, pas la douleur. Tu t’obstines à les oublier, à les dissimuler.

les pieds de veau sauce ravigotte et quelques pommes vapeur :
et surtout un bavard, et dans sa bouche des animaux (l'est peintre animalier)
« Ben oui, ils ne rentreraient pas dans mon atelier, et puis, il faudrait les endormir, s’ils bougent, comprenez, je ne peux pas travailler proprement ! Y’a bien une fois, si, j’ai peint une truie, oui, oui, une truie, énorme, près de 300 kg ! Bon, ce n’est pas vraiment une bête sauvage une truie, mais quand même, 300 Kg, ça l’fait ! Chez un ami, enfin le mari d’une cousine, qui sont éleveurs, dans le Finistère, voyez ?– énervement qui monte
et
dans l'aube :
toujours cette poésie de mots simples, discrète, pour le courage de chaque jour
« Une sorte de courage
m'anime

En constatant que
tout vibre encore

On pourrait penser
que rien ne change

On aurait tort
cependant »

Jeanne ci-dessous, erre dans l'enceinte d'Avignon à la recherche de Brigetoun – et c'est savoureux en mots (même quand on ne se représente pas le périple) et joliment espiègle.
« cet arbre.
Et son creux.
Où j'ai voulu plonger ma main.. croyant en une boite aux lettres dans laquelle j'y aurais trouvé trace du passage de Brigetoun en ce lieu ce creux..
mais je n'étais que rêveuse et ne pouvais décemment imaginer une espièglerie.. »
et
se trouve, ne sais comment, ne sais quand, près de la bouquinerie, de la nature et d'un feu dans la nuit
«une rue à la brune,
paumée, un peu froid,
ce serait des rires et des voix
de la musique
au loin dans la nuit
pour guider »
et voilà que parvenue à la fin de mon tour des vases communicants, bien ou mal fait, j'en ai eu tel plaisir que suis tranquillisée – ne l'ai pas fait pour une mauvaise raison, mais pour ce plaisir.

10 commentaires:

LM a dit…

Merci Brigitte !

JEA a dit…

nul risque d'oublier la guide...

Pierre R. Chantelois a dit…

Que seraient ces vases communicants, tant dans leur nombre que par leur immense variété, sans un guide pour nous inviter au voyage? Une belle et instructive rétrospective.

la fille des astres a dit…

Oui merci beaucoup Brigitte.J'aime y vagabonder et me poser sur les branches.

Anonyme a dit…

Quelle belle route vous nous tracez à travers les vases communicants! Je l'emprunte pour la première fois et je vous remercie :)
@allerarom

LSARAH DUBAS a dit…

Bonjour Brigitte

Beau champs de paroles de regards d'émotions ces croisements entre auteurs, ça fait toujours sens, et le sens est de plus en plus cher...Alors merci de nous en remettre un peu pour plaisir gratuit qui ouvre les portes

dangrek a dit…

Merci Brigitte pour les belles rencontres

jeandler a dit…

Il y a les Vases Communicants
un rituel désormais bien orchestré
leur annonce catalogué
et, à l'équilibre obtenu des fluides,
vient la synthèse éclairée et qui éclaire
et vaut à elle seule la visite
chez Paumée.
Merci de ce plaisir exprimé qui est aussi le nôtre.

Gérard Méry a dit…

Le vase est trop plein, renversé à la métamorphose

joye a dit…

Houla, je me suis contentée de lire les noms des participants, y en a de fascinants.