C'est
dans la douceur de l'ombre que s'évanouit le sombre, en cette
demi-teinte que la contemplation capte d’ordinaire sa plus belle
image. On ne voit vraiment correctement que dans le clair-obscur. La
perception est souvent l’antichambre d’un eurêka antique. Le
début de la redécouverte, chemin que chacun doit mener seul. Mais
parfois, cherchons des solutions à des problèmes qui n’existent
pas, ou seulement pour nous. L’être humain, perpétuel
questionneur : sa plus radicale caractéristique. Et s’imagine
dès lors, que le monde est ainsi fait. A l’image de celles qui
peuplent son esprit. Il y aurait des causes et des effets issus de
ces causes. Mais il pourrait aussi y avoir des effets qui n’ont pas
réellement de causes. Ou du moins, pour être plus précis,
d’explications donnant un sens qui nous permettrait de trouver le
sens de la vie, de l’infini. L’infini est à l’image de la
démesure de nos esprits et de notre manque de modestie. Nos visions
nous égarent, et hésitons devant des sentiers improbables.
Pourtant, il est bon et salvateur de chercher, de chercher sans
savoir ce que l’on peut trouver. La vie tout court est une
respiration. Et quand on veut reprendre son souffle, c’est déjà
fini. Alors c'est dans la douceur de l'ombre que s'évanouit le
sombre. Que devons découvrir notre sourire, notre apaisement…
simplement… L’ombre d’une feuille ou l’ombre d’une main, un
bruissement d'ailes, un frôlement ténu sont catalyseurs de ce
frisson que d'autres, ailleurs, appellent compréhension. L'ombre
devient vitale comme le crépuscule l’est pour la si malhabile
chauve souris qui y vit et qui cherche à se réfugier au grenier dès
les premiers rayons de l'astre solaire. Me
transforme souvent en pipistrelle,
nom commun de pipistrellus
pipistrellus, un des
plus petits chiroptères, protégé par gardiens volontaires, en voie
d'extinction... Chassant au bord du monde, en lisières ou dans les
jardins, le soir, quand l'agitation humaine cesse. Se transforme,
elle alors, comme fusée véloce. Et difficile de la voir passer. La
contemplation, enfin celle qui a ma préférence, n'a rien de
mystique. M’octroie des ailes et elle est simplement ce moment où
s'accorde ma fêlure avec le monde ; quand on ne sait plus si
l’on possède une aile ou une main. Tel ce petit mammifère
hybride. Et toujours se souvenir : comment notre organique corps
a besoin des vents immatériels de la sensation pour déclencher les
mécanismes de la compréhension et de l’analyse. La vitesse peut
aussi être associée à la contemplation, mais il s'agit alors du
développement exponentiel des images extérieures qui se faufilent
par la faille, laissée volontairement ouverte, et suffisamment pour
rester humain, jeune, vivant, en mouvement... Nous sommes embarqués
dans un voyage... La fêlure est la fenêtre d'où je contemple le
paysage... Accueille le différend et tente de transformer l'agressif
autour de moi... Dit non, dit oui...Suis comme elle, la
chauve-souris, hésitante, devient tantôt main, tantôt aile… et
toujours, regarde le ciel…
texte
de Franck Queyraud qui me fait le plaisir et l'honneur de
vase-communiquer avec moi en ce premier vendredi de juillet.
Nous
sommes partis, avec résultats différents d'une photo de lui
(ci-dessus), d'une photo de moi (la première !) de deux mots choisis
dans ceux que nous proposions chacun : contempler, ombre.
Il
héberge gentiment ma petite histoire, racontée un peu trop
précieusement, mais son indulgence m'a évité corrections, chez lui
http://wp.me/pwego-R8
Rappel
:
Tiers
Livre et Scriptopolis sont à l'initiative d'un projet de vases
communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog
d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les
échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des
liens autrement… "Ne pas écrire pour, mais écrire chez
l’autre."
La
liste des participants, que j'espère correcte se trouve ci-dessous,
et sur un blog dédié à ce seul usage
http://rendezvousdesvases.blogspot.fr/
6 commentaires:
Au crépuscule la pipistrelle retrouve la vie. Au crépuscule nous nous en éloignons, nous pauvres humains. Très beau texte de Franck Queyraud.
Vu ombre portée de la chauve-souris en plein jour.
L'ombre des nuages
des sombres nuages
sur la terre comme au ciel.
Belle inspiration.
Pipistrelle, écho du monde, tête à lenvers
Pas fait pour la chauve-souris ce cours de philosophie
Pour répondre d'ores-et-déjà à ton article de demain que je pressens, nous ne sommes allés, pour notre part, ni à la parade du Off, ni au vernissage huilé de Lambert.
Et toc.
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