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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, novembre 03, 2012

lecture comme l'ai pu des vases communicants de novembre


Dans le froid venu, nous avons échangé comme chaque mois, dans le froid et souvent dans la pensée (qui est plus ou moins évidente, dans les textes souvent élaborés et décidés avant le choc de son absence, et parfois pas du tout, mais ça ne fait rien, elle est dans nos pensées) de l'amie, la sorcière, la passeuse de merveilles, Maryse Hache (ci-dessus un petit pillage/assemblage d'un de ses dessins-collages, d'une forme, d'une photo)

Nous, c'est à dire :... (mais plus que jamais ce qui suit est insuffisant et approximatif, et le scoop.it de Pierre Ménard est indispensable et bien préférable http://www.scoop.it/t/les-vases-communicants et sera certainement mis à jour)


écrire sur une photographie de l'autre
tu es sur le pont de corps
un texte poème, rythmé par ces mots, et ohé, et en avant, un texte avançant, nous sommant de le faire
Nous sommes sur le pont de nos corps, en voyage, embarqués, exilés du néant.

Nous sommes sur le pont de l’encore, nous relions les points minuscules d’une ligne 
parsemée de noms.
et
un poème en tâtonnement – depuis le temps que je te cherche – sensible et beau
et depuis le temps que je ne compte plus

que je ne tiens plus compte, plus le compte

ils ne comptent plus, ne se comptent plus

ces vides-là, là pour combler le vide laissé derrière 

toi, par toi, ce vide sous la trace de toi


secret
précédé d'une belle présentation par André Rougier, le linge sale :
un sacré texte qui débute avec une enfant qui avait un secret, sous ses vêtements, son corset – et la douleur – et les soins...
On lui passe des sangles d’un côté, de l’autre, on tire au maximum. Les pieds. La tête. Le dos. Quand sa colonne craque, elle est prête. Le plâtre l’attend, tout chaud. Ils posent les bandes sur son torse. Elles sont bouillantes. La première lui arrache un cri de douleur.
Et puis, ce qu'est un secret.. les deux soeurs... le linge sale se lave en famille.... la survivante – Embarquez vous (moi, j'avoue que j'étais partagée, au petit jour, entre plaisir, envie de déguster et temps stressant et qu'il me faudra y revenir en meilleure disposition, que l'ai aimé sans trop être capable de le synthétiser et que là je ne peux en parler, le format du billet ne s'y prêtant d'ailleurs pas)

et
l'os de l'obscur (brève autopsie des secrets)
descendre le long de photos, déguster et méditer les mots qu'elles illustrent peu ou prou, qui vont avec, qui sont comme un poème, qui aboutissent à
Il y a dans tout secret – dans ses recoins où ne bruit plus la rage de l’heure, dans ce qui vacille, détisse et dérobe comme dans la distance qui nous en sépare, dans la trame de foulées et venins que cache la violence du dire, dans l’ordre celé qui de toujours en altère la donne, dans le sourd devenir des formes enfin délivrées du souvenir et de l’asservissement au Retour en ces lieux où le regard s’offre sans te consumer – quelque chose d’indûment dévié,....

deux poètes
un phare sur un calendrier, un poème
Épinglé pressentiment,
Image de vies qui déraillent
Étrange ressentiment.
Un phare accroché, qui braille.
et
qu'Euonimus accueille par une petite bibliographie, donne un poème empli de calme
Le poème sait trouver l'écho
si son choeur s'est niché dans l'écorce

avec trois phrases de trois auteurs
trois souvenirs d'enfance ou d'aujourd'hui
charmants petits textes un pour chacune des phrases,
comme
«C’est vrai, ce n’était qu’un rêve.» de vouloir courir de nouveau dans le jardin enchanté de mon enfance. Maintenant il y a du béton, il paraît.
Très ou trop longtemps que je n’ai pas foulé les artères de ma ville natale.
et
à nous de la rendre intéressante, grand mère (le début étant la reprise de la phrase de Nancy Huston, la grand mère venant d'Agata Kristoff)
étude de marché, de probabilités pour : Grand-mère thésaurisait Terrorisait Terrifiait. Terrorifiante Grand-Mère Fiente Elle se baissait pour ramasser des sous égarés par d'autres et joli tour de passe rêve.

son et souffle, souffle et son
D'abord suivre le souffle...
un texte qui, comme le font souvent ceux d'Ana, progresse par bonds, par redites, par légères modifications, et puis perdre souffle ou partie du son -
dire mon frère, dire mon frère il écrit de la poésie
Il travaille pas. Trr vayy pa. Mon frère il est solitaire. C'est un solitaire. Sss lll t rrr. Il nous lit ce qu'il écrit. C'est bien ? Je sais pas. Il nous lit toujours
et
son éclate d'un souffle clair / Atareb la ville noire de feu
un texte comme elle sait – son, souffle, Daunik Lazro saxophoniste, Abou Abdou de la ville de Atareb – ne chercherai pas à paraphraser, quelle horreur, mais c'est beau, creusé, avançant comme le fait Abou Abdou entre frontières, comme le fait la musique de Abou Abdou
(j'écoute ) - le souffle le son - presque phrase et brisure le souffle le son - presque phrase et brisure presque phrase et brisure presque phrase et brisure presque phrase et brisure presque phrase et brisure presque phrase et brisure presque phrase et brisure presque phrase et brisure - presque

de chez toi à chez moi ou le contraire en utilisant google street view
à l'oreille (jour et nuit du quartier sensible)
dans le quartier dire tous les endroits où c'est la nuit, où c'est le cri, et puis montrer ce qui fait tourisme, et chez Fabien – et il y a ce que l'on dit, et puis ce qu'on ajoute, les commentaires
Ce qui compte ce n'est pas le marchand, ni sa roulotte ou ses bonbons (sachets rayés rose et blanc cependant) mais l'homme qui se tient debout à côté. Inutile de le chercher : il n'apparaît pas sur l'image. Mais c'est ici son lieu, là où il n'attend rien et peut rester des heures, entre le sens interdit et le groupe qui traverse.
Et tourisme ou pas il faut la suivre, parce que c'est Paris, le vrai, celui qu'on vit (y suis passée souvent dans ce coin, différent et pas si différent du mien) et ce n'est peut être pas très loin ce trajet mais c'est tout de même une bonne trotte.
et
Pour toujours
Il dit, il dit... et c'est toujours la ville, les numéros de rues, les trajets pour venir, les rencontres, les changements
Il dit : C’est dingue. Je ne sais pas si tu as remarqué, c’est un peu comme si on feuilletait un album de famille. Moi, souvent ça me donne le vertige. On voit des images, des bâtiments, des paysages, et on se dit : tout cela a changé – tout cela n’existe plus. Pareil pour les visages : avec le temps, ils finissent par être flous. Un peu comme un souvenir qui s’efface. Ça pourrait être triste, c’est sûr, tous ces traits qui se gomment mais moi je trouve ça assez beau. Assez doux. et moi j'aime ça.

notre prochaine vie antérieure
une méditation de moraliste – penser à la mort, cerner cette vie antérieure, penser à une autre vie que la sienne, penser à vivre toi
ne pas trouver les mots, préférer les images, ne pas fuir l’existence, ne pas subir, ne pas voir en les circonstances des obligations, avoir le choix, assumer les possibilités, ne pas chercher d’excuses, m’apprendre la sérénité, la douceur de vivre, la paix, la simplicité.
et
ma prochaine vie antérieure
avoir tout, être envié par tous, mais si peu par soi que vient la dépression, la visite à un psychologue, la recherche, pour se soigner, des vies antérieures – et ma foi la guérison n'est guère rapide ni évidente, si le texte lui est «tout bon»
Aujourd’hui, je suis sanglé à mon lit jour et nuit, avec des pastilles scotchées sur ma tête, et des fils qui me relient à un ordinateur, attendant une nouvelle séance au cours de laquelle j’irai à la rencontre de ma prochaine vie antérieure. Je n’ai pas vu la lumière du soleil depuis longtemps, trop longtemps.

à propos d'une toile de Hopper Drug Store
L'expertise :
qu'elle fait faire par un ami, à la demande d'un Nicolas Bleuxher, expertise d'un tableau, de celui là justement, en s'attachant aux lettres qui y figurent
L’expert adoptait, sauf exception, le style concis des examens extemporanés, pratiqués au cours des exérèses chirurgicales.
Des illustrations étaient annexées, elles montraient qu’il avait extirpé, non sans dextérité, des preuves rassemblées par connexion Internet...
et l'expertise est à lire, l'expertise et la réaction des destinataires, et la discussion, la réponse de l'expert …. etc... et on apprend une fultitude de choses, c'en est presque étourdissant.
et
Drug Store :
le réquisitoire d'un procureur contre le propriétaire criminel du drug store, comme dans un roman, ou peut être comme dans la réalité (elle je ne la connais pas, du moins celle là) bien ferme et savoureux
Je parle d'une organisation impeccable, d'une horreur méticuleuse, d'un sadisme en gants blancs, d'un plaisir monstrueux. Je parle de Franky-la soude...

c'est parfois domestique
lire et écouter un court texte que j'ai beaucoup aimé – les petits ennuis domestiques
Autant penser à autre chose. Autant se fredonner un air. Autant superposer des strates.
C’est la mouche qui se pose quelque part sur ton genou, que tu balaies du dos d’une main, qui fait trois tours autour d’une lampe et qui revient au même endroit.
et
distant fingers
deux vies, une seule, depuis des années, aller jusqu'au bout ensemble – un texte tendu, dense, beau
Elle a sa place à lui, lui à sa place à elle. Ce sont les mêmes scènes, mais à l'envers, de l'autre côté du miroir. Du côté où les formes sont libérées de la pesanteur et de l'inertie de ce qui doit consister pour exister sous sa forme unique. « Le monde ne se rappelle à nous que par sa disparition. Qu'est-ce que nous aurions à faire ici, nous les vivants, sinon, non de vivre, mais de mimer la résurrection ? »

affrontements
une réorganisation du monde
une explication par Arnaud Maïsetti du choix d'affrontements et le texte de François Bon
le monde, décrit au passé (est-il passé, présent ou futur ?) d'après les affrontements, monde de zones strictement délimitées, chacun se tenant à sa zone, ne faisant que traverser celles des autres mais le pouvant, une liberté avec des limites strictes décidées pour les éviter, les affrontements
Le grand affrontement avait permis enfin la réorganisation territoriale, on avait refait un monde qui autorisait l’humain, à condition de les séparer tous et chacun.
On n’aimait pas ceux qui tenaient désormais discours contre les routes trop droites, et la porosité des lignes.
et
affrontements
long, beau bien entendu, grave, texte – c'était vivre, au temps des affrontements avec le temps, soi, le réel – c'était être au présent – c'était livrer bataille partout, sur la page – c'était la colère contre mots insuffisants – c'était voir les affrontements autour de soi, dans la ville
c’était désormais le temps qui ne finirait plus, des affrontements qui conduiraient plus loin que soi l’espace de nouveaux morts, des villes posées contre le vent, des corps levés, des ruines intérieures, et des joies d’appartenir à ces combats qu’on partagerait, des forces en présence, et des veilles encore, qui feraient durer le temps pour qu’il soit nôtre.

parle ou fait comme si à une (ou un) – un texte délicat
Un souffle de ta respiration dans la courbe du cou, et c'est le son qui vibre hélas.
Plus de bruit, pluie de bruts, les mèches du vent décoiffées ravagent le geste de deux mains qui sèment.
et
Ballade pour Maryse Hache :
une longue et belle ballade que vous invite à faire et qui, inclue, par des liens, des participations de Maryse Hache, des histoires de vladje, au blog 807
comme (Maryse) : vladje moissonnait lavandes sur macadam, pissait debout derrière haies d'aubépine sans même relever robe rouge au fond des impasses, mâchait blés en épis dans de blancs cabriolets, mordait dans les fleurs d'acacias sur des fauteuils coton imprimé, faisait liste des trous d'égout...
et Camille : Vif, le vert d'herbe, il s'étend au delà du décrochage bétonné qui traverse tout l'espace en contre-bas. Sur toute sa longueur, un fin filet d'eau s'y traine, y flaque d'ici à au delà. Contigue, l'étendue herbeuse jusqu'à un promontoire où elle se plie en trois haute marches. Pour aboutir sur un grillage et derrière j'imagine un chemin qui y passe, puisque deux petits marcheurs et un chien minuscule avancent en ligne

les nouilles (joli échange, qui valait mieux que m'envoyer en cuisine ce qu'il a pourtant fait)
les nouilles aussi sont des portes
très jolie façon de tourner autour des nouilles, des colliers de, des nouilles crues, de ce mot rond qui ne se mâche pas, du renvoi par Wikipedia à propos de collier de nouilles à modeste... et des nouilles aux pâtes, au voyage de l'Italie à la Chine... je tue le plaisir là avec mes mots
Qu’importe, plutôt curieux de savoir ce qu’écrivait chacun en bord d’assiette, pâtes alphabet sorties bouillon de légumes. Et quels prénoms, quels mots, et comment on les a de nouveau noyés au bouillon, ou lettre à lettre se les être magiquement incorporés, et quelles histoires ont ainsi démarré en bordure d’assiette creuse…

et
Nudel
une voix raconte, parle d'un homme assis là chaque jour dans le restaurant, un thanatopracteur, et qui mange toujours la même chose, à la même place, sans rien dire, sans penser, du moins il semble, qui ne lit, qui ne regarde pas la télévision,
Le jour où on le fera, où on préparera d’avance sa commande, tu sais ce qui va se passer : il viendra plus, c’est sûr, il viendra plus et on le reverra plus non plus, c’est le genre de trucs qu’on sait (ou bien, je sais pas, qu’on croit savoir), une espèce de superstition, tu vois ce que je veux dire ? Des fois je le regarde manger, je crois qu’il sait que je le regarde car il fait surtout bien attention de surtout jamais tourner la tête vers moi, tu comprends, pour pas que nos yeux télescopiques, non, respectifs, ils se télescopent...
mais chaque fois il vient, il parle juste pour commander après avoir fait comme s'il choisissait, ou peut être après avoir cru qu'il choisissait – et la voix tourne autour des interrogations, de l'étrangeté de cette présence absente que l'on ne peut ignorer parce qu'il est toujours là avec son silence, son mutisme plutôt puisqu'il fait du bruit en mangeant ses nouilles, et puis de cette profession. Et du coup toutes ses manies sont scrutées, décortiquées, et il énerve mais il est habitude presque nécessaire.

un très bel échange pour Maryse
une lettre à P parlant de M
imaginer P et sa façon de dire les souvenirs, ne pas pouvoir, sortir et voir la nuit, regarder, se placer soi et sa peine, penser M, pencher la tête
rien ne ressemble à rien qui soit connu en fin de compte, et puis ils arrivent tous, la nuit, les gens, ceux que l’on aime, ils sont là où on ne peut pas être, barrières d’atomes, la peau jamais ne se traverse, ne peuvent se joindre (heureusement que là on n’entend pas ma voix, quelle chance) – c’était une autre nuit qu’elle est partie, ils sont partis, ils s’en vont juste ou vont juste dormir, un soupir mince
un texte qui avance, lentement, comme peut, dans cela – et c'est beau même si ce n'est pas cela qui est cherché - même si cette tristesse de cette lettre aurait impatienté M, l'écrire et se tenir la main – et de très belles photos
et
Ce sont des mots qu’on lance (la nuit)
ses photos et un texte méditatif, beau, toujours, simple et profond – l'hiver, la nuit, le cinéma, se pencher, une femme – aucun de mes mots ne peut dire cela que devez aller lire
il y avait la nuit, à présent l’heure d’hiver est revenue, ma journée de dimanche, ces jours entiers, je ne crois pas que j’irai, c’est où reposent les miens, tu comprends, ça va comme ça, j’aime toujours sans les avoir vus les tilleuls, le chat roux, pas vu, les «quelqu’un dit», non, je ne l’avais vue que quatre fois, mais entendue à deux reprises lire ce qu’elle écrivait, j’adorai ça, j’avais avec elle quelque chose qui me faisait l’adorer comme on aime les mandarines, les fraises, les cerises, les fruits d’été,

Tarot-Eros
d'idée de neige en interrogation sur la neige, se lancer, se perdre en trois tarots
Tenir à la main le bâton rouge et les yeux plantés dans l’étoile. Que mes grelots résonnent, qu’ils fassent le bruit qu’il faut. Je ne veux m’aveugler que la tête haute et que chaque pas fraye avec les bêtes et les chiens. À ma taille des yeux et des perles. Je me sens porter la cartouchière du bonheur et des lueurs
et
un poème – refaire, revivre, prendre ses souvenirs, les écrire, boucher les trous – de courtes strophes
Les gens autour de moi

des scènes des portraits

en pieds

il s’agit de refaire tout ce que j’ai vécu

l’écrire

le réécrire

barbouiller le tableau

les impatients
une femme sur une tombe et ces impatients plantés là et leur soif, toujours – comme un marmonnement intérieur
Il est petit, celui-là d’impatient. Pourtant c’est pas Dieu que je l’arrose pas, que je le soigne pas. Faudra voir à ce qu’y crève pas lui aussi. Pourquoi le Bon Dieu y m’a fait comme ça. Y crèvent tous, les vieux, les jeunes, les riches les pauvres, à côté de moi. Faut croire qu’y m’aime bien parce que qu’il me veut pour lui tout seul.
et
Hallowen, un tocsin pour la pluie et les vents de tempête
un poème pour la saison
Voici venir le temps des pluies et des tempêtes
C’est le temps des marées soulevées par le vent
Tempo des coeurs givrés battant un soir de fête
Temps glacé du tocsin le temps du mauvais temps

deux poèmes – morts d'animaux
un matin
une chatte écrasée, bon ça ce sont trois mots, allez lire les siens qui disent beaucoup plus
Sans doute pour m’épargner
les bêtes sont pudiques –
l’offrande qu’elle avait faite
sur l’herbe encore humide
de son œil
exorbité.
et
Les fêtes révolues
debout contre un mur, il serre une patte de poule, odeur de chair morte, bruit des bouleaux, chats noyés, oiseaux dans la main et vent dans le ciel pommelé
Des fourmis lâchées

Par poignées

Des moineaux blessés

Qui tremblaient dans le creux

De la main avec un

Cœur frémissant comme

Une goutte d’eau.....

légèreté
légèreté
corps légers sur la planche, sur la page – corps léger le long des allées, esprit léger devant un film, corps léger
Comme la poussière des fleurs mortes, lui reviennent par vagues les pièces du puzzle et il s’élance sans retenue dans l’azur pour procéder à leur anastylose. Vienne la nuit, sonne l’heure, et il sera au rendez-vous fixé par les nonchalantes, prêt à tout pour les suivre dans leurs méandres.
et
s'encor-porer
un sonnet
un corps vivant, s'évade léger, au détour des saisons
Quotidien mélangé, habitudes motivent

Ma langue disséquée, clés approximatives

Mais mon corps fait des bonds, de plus en plus légers.

lire
Pathologie de la lecture
elle a un grand défaut, elle lit, lisait trop enfant, part en vacances avec gros sac de livres, hésite dans le choix du suivant... a été un peu sauvée de l'envahissement par la liseuse mais ne peut s'empêcher d'acheter aussi des livres papiers (en somme est normale)
Mais j'en prête. Ou du moins, j'en achète en double pour pouvoir les prêter. J'en achète aussi en double parce que j'ai oublié que je les avais déjà achetés. Plus étrange, j'ai beaucoup de mal à me décider à lire ceux que l'on m'offre, qui attendent parfois des mois, des années...
et donc est devenue critique littéraire avant d'abandonner devant l'afflux des mauvais livres – en reste à ceux qu'elle désire lire, et tient un blog théâtre (m'y suis promenée)
et
lire ou marcher pas besoin de choisir
aimer marcher et aimer lire – trouver grâce à Martine le livre qui en parle bien Marcher une philosophie de Frédéric Gros, livre sur grands marcheurs écrivains – en parler et de tous les livres aimés qui en parlent
Au terme de cette longue énumération, il me semble qu’une conclusion s’impose : peu importe pourquoi on marche, calmer ses angoisses, vivre la nature ou découvrir d’autres peuples, l’important c’est de marcher. Pour se (re)découvrir, pour être vrai avec soi-même.

textes et photos, un échange délicat
où rien plus rien ne pèse
je n'ai pas pris la photo parce que Déborah, prudente, avait annoncé qu'elle serait très en retard, ce qui finalement ne fut pas le cas
son texte, très fin, sur la poésie ne supporterait pas la dissection – vous laisse découvrir ces quelques lignes
quittez sans doute, mais quittez en laissant vibrer — un visage approché ou bien une rue, un jardin traversés le temps au moins d’une lecture où rien, plus rien ne pèse
et
sac et ressac
une réussite – un homme le front contre la vitre regarde la pluie tomber, entend un cri d'oiseau, émerge
Ressac
Trouver une nouvelle dimension pour percer, et le vague, et les vagues, et le blanc du ciel qui se confondent. Lui et sa dimension de la fuite immobile. Lui obligé d’être en accord avec le décor, sans s’éloigner des pensées claires mais en acceptant le gris qui abat les saisons, les « trop » et les « pas assez » qui vont et viennent

Le papier (nous aimons le papier)
papier de brouillon
un texte sensible - une petite fille commence le brouillon de sa rédaction et puis griffonne dans la marge en pensant à ce qu'elle aurait voulu et ne sait pas écrire, veut recommencer, efface sous l'oeil et la remarque désagréable de la maîtresse
Mais pourquoi tu as gommé ? C’est très sale. Je vous ai appris à barrer proprement en diagonale. Pourquoi tu n’obéis pas ?
– … Je voulais économiser le papier, Madame.»...
et
cylindres de papier
cylindres pour plus noble usage que ceux qu'ai connus à l'usine de cahiers de mon père – cylindres alimentant les rotatives, le souvenir presque épique (au moins dans le style) qu'en a un ancien prote (je crois).
Rotatives, comme si Galilée orchestrait encore leur valse, crépitements, sifflements, bruits compressés, bielles comme celles des locomotives, giclées d’huile et mains luisantes, les exemplaires sortent à la file, emboîtés au centimètre près sur la cascade d’un escalator tournant comme dans les génériques des films noirs américains, une usine à produire de l’écrit, tous les jours, le grand feuilleton des faits divers, des meurtres, des catastrophes, des renversements politiques...
mais lui, comme tant d'autres, lit maintenant le journal sur son téléphone ou autre écran, avec petite nostalgie parfois, mais il aime penser qu’importe le support pourvu qu’on ait la drogue.

écrire sur photos de l'autre
Paul Emploi
véhémente apostrophe à Paul, prédateur tel un crocodile, profiteur de vieilles dames et habitué des endroits luxueux, le gigolo qui est venu s'installer dans l'appartement voisin, qui est mauvais exemple pour Kevin
Mon môme, le Kévin, il a jamais rien su faire de ses dix doigts, il passait son temps à zoner assis sur le dossier du banc du bac à sable, ou dans la cage d’escalier l’hiver. Mou comme une chique, même pas capable d’aider sa daronne à monter le panier des commissions. Et depuis un bout de temps, il s’absentait de plus en plus dans la journée. Moi je me demandais bien ce qu’il pouvait faire… Puis j’ai vu qu’il s’achetait de nouveaux habits, un peu trop chics pour lui, on aurait dit qu’il était déguisé – une belle verve
et

la trace
un récit – un vraquier, une avarie près de l'arbre de transmission succédant à une série d'erreurs humaines – faire escale à Brest pour réparer et se reprendre... un zeste de malice de l'auteur... le nouveau Brest maintenant que la Bretagne a son autonomie, le dernier refusant Adam E repris de justice.. lisez
Il passe à Coataudon devant les terres de ses ancêtres, honteusement spoliés par un magasin Ikea. Il faudra se plaindre auprès du géant suédois en temps utile mais ce n’est vraiment pas le moment. D’ailleurs où sont passés les titres de propriété ? Filer le long de l’ancienne route, celle qui passe par Châteaulin (la buvette auprès de l’arrivée du criterium cycliste est devenue un bar gay au nom en rapport avec l’appareil moteur du vélo, on appréciera l’humour au passage, passage effectué au reste à l’envers du parcours)

écrire à partir d'une photo de l'autre
précédé d'un hommage à Maryse Hache avec la citation d'un de ses poèmes
narcissus pseudonarcissus
enjonquille-moi l’univers
mange-moi à fleurs visage
le texte de Maïa ou i_trema_ impact
après le choc, la commotion de la rencontre, l'hébétude et le froid, et puis partir, construire, même du vent
Ce heurt qui nous a vu trembler, ce bruit qui claque et fouette nos sens.

Nous partons en étoile maintenant, nous nous propageons hors de ces murs.
Après le choc nous avons laissé parler la poudre.
et
l'ombre des ronces
toi, cachée, n'osant pas, regardant jouer les cousins, leur tranquille violence (bombarder voitures) et ton refus que tu n'oses pas exprimer, que tu ne peux pas dire, puisque depuis toujours ta sensibilité t'est reprochée
Tu ne peux pas parler. Mais tu sors, seule, tremblante, de derrière la haie, avance vers l’automobiliste qui, furieuse, vient juste de brutalement freiner et s’approche, poings serrés, appelant les coupables à sortir de leur cachette. Rouge de honte, tu baisses les yeux alors qu’elle te traite d’inconsciente, alors qu’elle te menace de tout dire à tes parents. Rouge de honte, tu te tais.
Et les cachés font silence, et on t'aime pour ce désarroi et ce courage.

antiques - un échange imprévu entre
ce qui est devant la porte : traduction d'un passage de l'Énéide
Chaos, Phlégéthon, vastes lieux de silence et de nuit,
qu’il me soit permis de dire ce que j’ai entendu, que votre volonté m’accorde
de déployer le monde enfoui dans les ténèbres du fond de la terre.
Ils allaient invisibles dans la nuit déserte parmi l’ombre
et les palais inhabités d’Orcus au royaume du néant...
et
trois chants
trois chants comme ceux des aédes ou de Virgile, trois chants à ton de légende, trois chant pour se souvenir, d'un grutier sur le port de Rotterdam – une belle réussite et du rêve pour lecteur ou auditeur puisqu'on croirait les entendre proférés, ces vers
Et Ulysse est désormais sponsorisé par les Télécom
Moulinant l’encre noire des houles pacifiques, il
Cingle vers la ligne d’arrivée du Vendée Globe
Il est seul au milieu de la mer, chante pour avoir
Moins peur & bien sûr l’aurore a des doigts de rose
Mais aussi nous savons périls et monstres marins
Sommeil, tentations féminines parfumées et puis
Encore les ruses des ennemis ou le temps qui passe

qui avant que la maladie ne la ressaisisse cruellement avait évoqué son futur échange avec Laure Morali, dans un de ces beaux billets comme elle savait en dédier à certains d'entre nous, évocation par un beau cut-up dans le corps des forêts de Laure
S'approcher en silence du lac, les pieds dans la mousse, et sentir l'émotion des choses. Une intime confidence te pénètre, la joie d'un présent. un animal. Un vent. La chute d'un fruit. Et vouloir crier tout l'amour que te fait porter la terre avec sa beauté périlleuse
et
lui répond «À Maryse, fleur de taïga» par un non moins beau cut up dans les mesmoires, la dernière série des billets de Maryse
elle marche elle marche fait "trotter ses petites bottines" / couleurs des rêves / de nos belles vies en joie bonheur, reprenant les mêmes caractères (ce que je ne fais pas) et les vers justifiés – et y ajoute des jardins, avant de parler de ce qu'elle savait ou ne savait pas (comme moi), de ce qu'elle aimait de Maryse, du texte qu'elle avait d'abord envoyé à Maryse en prévision de cet échange qui n'a pas lieu tel qu'elles l'avaient voulu
Dans un brouillon, cet après-midi là, à Montréal, je notais sans me comprendre : "fille de la lumière bleue dans les coutures du soleil, enveloppant ses mains de soie, mais qu'elle est cette terre dans laquelle tu glisses à l'envers...
et puis Est-cela que l'on appelle "l'amitié virtuelle", comme on dirait dans un autre contexte, sur un ton de feinte légèreté : "c'est juste platonique" ? Les mots de quelqu'un font partie de son corps. Ils ont le pouvoir de nous faire sympathiser

et puis, sur un coin de table, de deux tables assez différentes
Eve de Laudec ci-dessous, pose sa main sur la sienne, retrouve souvenirs familiaux, qui remontent avec belle force et que verrez, et puis :
Remonte dans mes doigts sa sève nourricière qui répand furtivement la magie de sa mémoire, hydrate les bourgeons en éclosion, délie l’inspir engourdi. Dans une dernière poussée déferlent soudainement flots de vers, ressac de triolets, houle de lyrisme, nébuleux sonnets, vagues de rimes, ondulantes lexies, lames de sentences, adages en rouleaux, remous d’expressions, ruée d’écrits, le spleen du terme, à terme.
et
instinctivement, comme souvent, m'y suis assise sur ma table, ou presque
Sur un coin de table, j'ai posé une fesse
L'était à la limite d'une terrasse, et la rue et sa vie devant elle – regardais sans voir, comme un long bâillement refréné, blottie dans une indifférence rêveuse – et la rue et sa vie devant elle, insistant, avec de furtifs éclats, une couleur, une drôlerie, un chatouillement qui sollicitait.
et puis savais pas trop, alors... un peu n'importe quoi (et l'accueil me l'a confirmé, ma faute).

Je pensais que c'était fini mais à 16 heures j'ai découvert un échange si résolument discret que j'ai hésité à en parler (et prévenir comme pouvais) je crois d'ailleurs que, tant pis, suis trop lente et sotte, je n'essaierai plus de relever le petit défi d'être à jour dans ces conditions.
C'était entre
voyage en écriture sur la ligne des hirondelles
souriant tch tch avec l'autorail Picasso
tchtch tch tch et le rythme s’accèlérait et nos coeurs et nos corps s’assouplissaient pour se laisser porter d’un point à un autre – silencieux contemplatif pour mieux revenir dans l’espèce et le tumulte.
Et
Louise Bramante
Son histoire à elle qui est venue en France au moment de la construction de la ligne Saint-Claude/Moretz et des tunnels
Moi, je ne crains ni la fatigue ni la misère. Je suis devant mon fourneau et je fais
à manger tous les jours que Dieu fait. J’aime le tabac à chiquer, même si j’ai les
dents toutes noires depuis longtemps.
J'espère que n'ai pas dit trop de bêtises, et pas fait trop de fautes. Suis paresseuse là maintenant.

8 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Ce commentaire à deux volets. Encore une belle discipline à rassembler autour du thème des vases communicants ces extraits qui montrent la vitalité de l'exercice. Deuxième volet, je constate la présence de beaucoup de poésie ce mois-ci. Et un beau texte sur Maryse Hache.

arlette a dit…

Belles et Bonnes lectures
Merci

Louise Imagine a dit…

Vous dire merci et merci encore, Brigitte pour vos lectures attentives, pour lier plus étroitement encore ces vases les uns avec les autres.


Dominique Hasselmann a dit…

Un énorme travail de recension pour lequel on vous encense, sincèrement.

Anonyme a dit…

merci Brigitte... PCH

32 Octobre a dit…

merci de ce texte...
toujours aussi passionnant à lire...
cette récolte de mots... et ces photos...

un grand merci pour ce travail digne des travaux d'Hercule

Sabine Huynh a dit…

Merci Brigitte ! Je suis les Vases pas d'aussi près que je le voudrais ces derniers mois (cadavres exquis laissés en friche, par exemple), mais je ne manque jamais rien de vous, et je fais bien.

jeandler a dit…

Vers 16 heures, dites-vous ? Seulement ?

Dire les images.
Il n'y a qu'à ce prix
qu'elles prennent vie
et cela parfois prend un temps fou.