Pour mon réveil, pendant
que dégustais café et les billets de la nuit et du petit matin, un
torrent soudain, comme une pluie de mousson au moins.
Ai ajouté une paire de
draps dans le sac de linge, l'ai soigneusement fermé, ai décidé de
renoncer à aller chez le blanchisseur.
Et pendant que je stagnais
dans cette paresse et dans mon curieux manque d'appétit pour
twitter, et même pour les sites amis – et; chaque fois que je passe
outre, j'ai un éclair de plaisir avant de retourner en atonie... envie
de faire une pause du virtuel pour quelque temps, mais crains de me
passionner infiniment loin pour le réel.. prendre des vitamines, ou
du magnésium, ou du fer, ou un coup de pied – le soleil descendait
lentement, ensoleillait le bout de mur que lui permet la saison.
Ma foi, tant pis, d'autant
que sortait chez Publie.net un nouveau recueil de poèmes choisis et
traduits par Michel Volkovitch
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814597204/poetes-grecs-du-21e-siecle
et que, comme toujours avec lui et sa collection Grèce,
m'y suis plongée.
Cette fois, ce sont des
poètes «du 21ème siècle» - à vrai dire poètes d'un gros bout
du 20ème également – et j'ai prélevé un fragment pour chacun
(il faut lire les notices de présentation), en rapport plus ou moins
étroit avec notre monde actuel :
de Cristophoros Liondàkis
(sais pas faire les accents sur les o, ni d'ailleurs sur les i)
...Combattent l’hypnose
collective.
Laissant des messages
aux acrotères des toits
ils dénoncent le
débordement de l’humaine faillite.
Des indigents cosmiques
envoyés par l’Autre ironisent
devant l’abondance de
quelques uns.
Il suffit d’un lancer
de balle cosmique.
De toute façon
l’Univers décide pour la Terre... (La
métaphysique du luxe)
de Nàssos Vayenas
Notre temps, c’est
bien évident,
n’est pas fait pour
la poésie.
Jadis on aimait
l’océan,
la nature avec frénésie
(Poétique)
de
Pànos Kyparissis
Des images qui passent
dans les couronnes
qui me trouent et je
n’ose pas
et tout le temps je me
tais
Je bois de l'amertume
pour tenir
tandis que l’époque
du PVC
pétrit des métaux
chauds dans le ventre de la galaxie
pour tournoyer encore
des passions (taches de silence)
d'Athina Papadàki
Je ne peux imaginer comment il s’introduit
dans des jardins bien
nourris, le fuyard.
Fuyard
de montagnes funestes
où le pain à la
longue vie
seul survivait
(Évadé)
de
Yorgos Markopoulos
Ici, tout est ici,
tracteurs ensevelis,
rouleaux compresseurs,
excavatrices
Caterpillar ou autres, ici, tout est ici,
et avec ça des
milliers d’éternels «je t’aime»
qui furent prononcés
entre les ferrailles
les chardons et les
étrons secs. (Cimetière de
voitures)
de
Vassilis Roùvalis
Mes personnages du
passé
- hommes et femmes qui
vécurent ici
laissant des marques
sur mon visage,
l’épiderme, les
muscles, les organes des sens
comme les souvenirs
hantent les mêmes terres (Neuvième)
d'Aristèa Papalexàndrou
Rien que de t’entendre
je crève de fatigue
Diplômes, troisième
cycle, langues étrangères
Non en paroles Mais sur
papier
Cambridge Proficiency
s’il vous plaît
Et Kleine et Sorbonne
et Superiore
et thèses par
là-dessus
Années d’études aux
Métropoles du Nord (Curriculum vitae)
de Marigo Alexopoùlo
Nous les enfants de la
violence dans les changements
les événements,
nous dans l’automne
d’une soudaine et
sanglante révolution
des forces invisibles,
de connexions et de
balles absurdes,
nous les jeunes
vieillis trop vite
inexplicablement
nous voilà dans les
rues d’un combat inégal (à Vladimir)
de Thodoris Rakopoulos
Elle s’assoit sur une
pile de vêtements sanglants. Il a pris
la fille par la manche.
Tous les quatre à présent. Dehors, des bruits et des cris calmés
par la neige, répété :
«Remonte le barbelé
là-haut.» (Ballade des garde-frontières)
de Z.D. Aïnalis
La prison que j’avais
dans ma tête
je m’en suis délivré
à bas prix
pour un paquet de
cigarettes acheté
place Omònia dans un
kiosque à femmes nues
maintenant je marche à
peu près comme un homme libre
agitant il est vrai un
peu plus que nécessaire
mon parapluie
voilà soudain que
souffle un sirocco
tout mon corps se
soulève
et je marche sur les
toits de la ville
pourris par les pluies
et l’azote (Ulysse)
Bien entendu, il y a bien
d'autres choses... le lien de mes choix avec le monde contemporain
est parfois fort lâche, et compte tenu de ce qu'il est, notre monde,
compte tenu de mon humeur, l'éclairage n'est sans doute pas
excessivement joyeux, … mais tant que nous aurons les mots.
8 commentaires:
Je vous fais une confidence. Le poème de Marigo Alexopoùlo me touche beaucoup. Et je me suis senti interpellé par Aïnalis. Voilà. C'est dit. Et, de manière générale, quelle merveilleuse idée de nous rappeler qu'il existe en Grèce une relève aux grands poètes.
Il n'y a donc pas que Pétrarque près du mont Ventoux...
Il y a des lieux où l'histoire est gravée dans la pierre et l'esprit des hommes
c'est très beau cette osmose
Rappel émouvant de "Pays natal" (nov2011 Toulon -liberté)
d'après Dimitri Dimitriadis portant sur l'identité , la mémoire et et le présent de la Grèce
les poètes (masc. gram.) : parmi les rares hors d'atteinte des politiques d'austérité...
merci pour le florilège
Super, ce résumé, merci brige ! (et à la pluie qui t'a gardée chez toi...chuis dans la même passe ! impossible de sortir à cause de la boue)
NB : Les com's de Blogger rament un peu beaucoup en ce moment.
Ce dilemme entre réel et virtuel...l'idéal serait un bon mélange !
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