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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, avril 06, 2013

Pour l'amour des rites


et pour, par la même occasion, avoir le plaisir de laisser intact, comme un hommage à ma paresse, le tas de repassage (prévu pour jeudi, mais le petit toubib m'avait trop parlé de ses clients grippés, et donc ma carcasse prétendait l'être), me suis installée, avec cigares et anti-cigares sous forme de pastilles Vichy, et j'ai lu la moisson d'avril des vases communicants. (à vrai dire l'aurais fait en grand plaisir sans autre motivation que ce plaisir).

Me frappe toujours le constat de l'influence, implacable, déterminante, de la vision qu'on a de l'autre, plus ou moins connu, admiré, ami, de la perplexité vaincue par l'effort salutaire, de l'admiration paralysante qui peut être transformée en aiguillon, de l'indifférence à tenter avec plus ou moins de réussite de sublimer, du confort un peu inquiet d'une parenté, du trop grand désir de s'assimiler qui se mue en échec plein de bonnes intentions, d'une amitié devinée, sur la qualité de ce que nous nous risquons à poser chez lui, même si rien ne l'évoque à priori sauf le thème commun quand on en a décidé ainsi.

Ai donc découvert, ai apprécié, ai, je l'espère, à peu près compris, les échanges entre



premières lectures

tout ce dont on manque
à partir d'une photo de la première bibliothèque de Franck Queyraud : la regarder, l'aimer pour le monde extérieur qui se reflète dans les livres, penser à l'autobiographie des objets de François Bon, se souvenir des livres, se souvenir de son premier livre, le premier qui surnage dans la mémoire, et on le voit ce nounours dessiné
Un autre dessin montre Nounours en train de respirer une fleur. Je me trouve en terrain connu : j’aime aussi m’adonner à cette occupation, que j’essaye d’apprendre à mon chien en lui pressant des fleurs sur la truffe, ce qui le fait éternuer. Les manger fait également partie de nos jeux. Celles des trèfles, si sucrées, sont nos préférées.
Le charme fort de ce billet, les souvenirs des petits bonheurs de la vie de ce temps là, le souvenir d'autres livres ensuite, etc... ne vous en privez pas, et comme avec le texte de François Bon, en lisant Sabine, en jouissant de ses mots, vous entendrez remuer vos propres souvenirs.
et
à cause de Javert
regret de n'avoir eu accès aux livres, au début, qu'un peu grâce à son grand-père, et puis un peu plus tard avoir enfin pu fréquenter une bibliothèque, mais avoir toujours ressenti le besoin de lecture
Ce qui est constant depuis le début, c’est ce besoin, cette envie, cet attrait d’être et de vivre entouré de livres, qu’ils soient imprimés ou maintenant, numériques, puisque tout change en permanence. J’ai une dette de reconnaissance envers ces premières bibliothécaires qui m’ont accueilli, ces dames qui étaient bénévoles, puisque le réseau Bibliothèques pour tous, est un réseau associatif privé. (merci au nom d'une de mes soeurs qui en est de ces dames)
et le souvenirs des lectures à savourer tranquillement...


roman ésotérique, festif et prosaïque
un bijou baroque, ésotérique, festif et prosaïque, oui – tient promesse du titre
Mais que ces gribouillis de souffrances sont forts ! Quel violeur a jamais été détruit par les chapeaux de sa violentée ? Riez a pleine gorge, expulsés de Lima: riez ! Ils recevront toujours si peu de rires que le monstrueux vieillard de coton qui leurs est offert n'ayant, contre eux, fait barrage que de brasiers obscurs.
et
aller au ciel
dehors la neige, les bruits de la ville, on est bien dedans, au lit, et on se demande : comment y va-ton, au ciel ?
Debout est mon immeuble. Debout se tiennent déjà le Boulanger et les bouchers de la rue Richer, la tour Eiffel et le sacré Coeur, le président et la garde nationale devant le palais de l'Élysée. Allez debout !
Bois un thé et écris. Puis va regarder passer le monde d'une terrasse de café et ensuite vends tes services pour manger à ta faim et dormir toujours plus au chaud lors de ces hivers de plus en plus longs.
Mais toujours écrire, écrire dans la nuit et s'arrêter parfois, croire qu'on sait pourquoi

à partir d'une même image, deux approches, l'éphémère
au bord des mondes
là où le paysage s'efface, quand la réflexion, la philosophie se fait poésie
se perdre, ne pas savoir si cela vient de la neige, ou du, des regards, des pas... traverser le paysage dans l'indécis
Je n’ai pas envie de finir d’écrire ces lignes : le geste me tient dans un présent que rien ne vient attaquer ni corrompre. Le geste d’écrire tient dans le présent et le protège de tous les autres temps de l’indicatif. Je n’ai pas envie non plus, du moins je ne voudrais pas, pas plus que je n’ai envie de terminer ces possibles et de les clore d’une contradiction qui terminerait l’arborescence.
.
et
beau comme toujours, aussi belle et poétique prose que le sont ses poèmes.
La photographie ne sait rien de ce qu'elle enregistre
mais c'est, là, ce qu'entend la neige, une friche de neige et de vent, et Brigetoun constatant qu'elle n'est capable que de voler les mots de Jean-Yves Fick en les triturant, les maltraitant, vous renvoie au billet qui est description, délicate, de ce paysage, qui ne semble rien, qui est foule de choses, de silence, de vertige
Une trace éphémère sur la nuit. Était-ce le dernier oiseau d’avant le jour ? Un chant pauvre parmi l’absence se perpétue. Cela sous les yeux comme neige le silence. Et cela du silence retourne au silence. D’un seul souffle coupé. La lumière tombe en ellipses blanches.

écrire à l'autre, à partir de quatre de ses images – et écrire la rupture
contributions épistolaires à quelques brisures
écrit à Giovanni ce qu'elle croit avoir deviné de lui, et qui se retrouve, brisures de la vie, exprimé dans les quatre belles lettres inspirées par les dessins comme si provenaient de chacun
Ta voix…Je ne l’ai sans doute jamais entendue. Tu aimes trop te taire, cultiver des verbes bonzaï dans des jardins intérieurs. Pourtant c’est elle, tout ce qu’il y a de si insaisissable dans le souffle humain qui me fourgue l’effroyable chagrin de t’avoir perdu .
et
de la rupture à la cicatrisation
une belle et longue méditation sur les cycles d'une vie
Transgression de l’auteur ou transgression de son personnage ? Qui, entre les deux, se prépare, à travers la transgression, à son inévitable disparition ?
Pour mon personnage, il s’agit toujours d’une transgression amoureuse. D’ailleurs, il considère cette forme de transgression, objectivement redoutable et même violente, comme la moins blâmable parmi les autres transgressions du point de vue moral.
Donc, à chaque fois que cela lui arrive, mon Libero Alessandri (ou Baptiste Ozenfant/Gérard Antonelli/Alfredo Bonadies) se sent tout à fait autorisé à entamer sa énième course vers ELLE.
et la fin inéluctable, chaque fois, de cet amour...
qui introduit à trois longues lettres sensibles adressées à des déclinaisons du prénom d'Anna.

retournement
retournement
très jolie fantaisie à partir de ce mot, de ces deux retournements sans autre précision, des risques de collision, et les mots jouent, les idées s'amusent
Humblement je tente le retroussement des chaussettes syllabiques, pour en dégager l’effluve du boustrophédon.
Opiluo uaep ne xuod top ne xuoh uaeppa uof ne ennollis tom ec
ce mot sillonne en fou appeau houx en pot doux en peau oulipO.
tourbillon spirituel, jusqu'à la chute.
et
un texte à lire la tête en bas, jolie idée.... ne me facilitez pas la tâche (m'interdit le copier/coller comme chaque fois.... sourire)... et suis désolée, vous me direz, suis trop sotte pour déchiffrer suis une mémé un peu zonzon (me sens coupable là, mais tâcherai de lire, promis)

échange de photos
un très joli poème (un vélo appuyé à des livres, et toi qui le laissais là pour lire) qui fait place à la prose, plus directe, pour lui parler à lui, le petit disparu
Les tendres souvenirs, comme ton vélo contre les rayonnages de vieux livres dans l’atelier au fond du jardin, et les durs, comme ce jour ou tu n’es pas rentré. Je t’ai attendu mon petit, longtemps. Des jours et des jours, rôdant devant ta porte. Puis je suis enfin entrée dans ta chambre et j’ai découvert la photo, sur ton bureau.
et la photo ravive le souvenir, et le souvenir de ce manque d'amour du père, du grand-père...
et
le filtre
une courte nouvelle, une tranche de vie au temps de la 4ème république, avec la radio qui parle de Coty et de Krouchtchev et puis passe une chanson d'Eddy Constantine (mes jeunes ans), Albert, sa mère, et Germaine, la veuve, plus loin dans le village – passer voir si elle a besoin d'aide, lire l'écriteau
Sur un banc, à l’extérieur, une grande ardoise était posée et on pouvait y lire dans plusieurs langues un texte trop explicite : «aimez-vous l'un l'autre et vous serez heureux. C'est aussi simple et aussi difficile que ça».
Le dialogue, les phrases simples, le café réchauffé, les souvenirs de Jules, de sa résistance, les «maudits livres» dans le cagibi, avec le vélo, les livres où il prenait ces récits d'héroïsme qu'il s'attribuait... bon j'en dis trop, allez à ces phrases claires, efficaces...

souvenir d'enfance, enfance d'un souvenir, conjugués deux fois
il regarde une maison, avec la montagne pour horizon, et il se souvient de la maison où la famille a vécu après la mort du père, qui y ressemblait, mais dans un autre cadre, un lotissement... bon vous laisse au texte, savourez..
et puis autre image, autre souvenir, un ciel rouge
Ce souvenir d’un matin de rosée, d’une tente ouverte, de la verdure alentour et de la journée ouverte : éclosion de la sensation, réminiscence d’un début, comme l’introduction à un chapitre de vingt-quatre heures qui serait clos ensuite par un tableau formidable (visite gratuite, pas de file d’attente), au cadre sans bords, à l’horizon illimité sauf peut-être par un bosquet d’arbres, un poteau électrique à forme humaine avec sa tête, ses bras, ses jambes, ou le tracé blanc, qui se dissoudrait peu à peu, d’un avion à réaction.
et l'unicité de l'art
et
beau texte grave, en deux parties, pour deux images
l'enfance «remisée dans le rêve» un rêve vivant, violent, poétique
et puis,
Au soir sur le canal je promène ma vie qui passe. Il est loin le temps de l’enfance du souvenir, ce mensonge grisant aux ailes de grises volutes. Je me souviens la lourdeur des silences quand avec mon père nous marchions sur le chemin de halage. Quelque chose avait emporté les mots que parfois nous aurions pu échanger. Nos bouches closes, lui dans les murs hommes, moi en enfance devenue viande, laissaient nos souffles s’évaser sans que jamais aucune parole ne se love dans leurs flots.
et cette découverte, un jour, d'une charogne de rapace dans la bambouseraie, pendant que le père méditait en fumant..


deux poètes dans la ville – une belle parenté (je trouve)
sous la lumière brûlée
une marche dans la nuit, une voix, une voix qui demande de l'attendre, un corps qui se penche... je laisse à Ana sa place (et c'est beau)
elle se précipite elle se jette dans la première rue vide elle entaille le silence - attends moi attends je marche dans tes pas - je - j'ai oui je viens je - attends moi attends moi - je marche dans tes pas - je marche sur cette ville comme on marche sur l'eau
et les zones successives d'obscurité, de déception, de perte, d'incertitude, du temps infini, de rêve, de lumière brûlée enfin.
et
la renverse
un texte poème, en trois strophes
rêve d'une ville, où s'entremêlent rues de pierre et rue d'eau, d'une ville faite d'étages où l'on ne reconnaît rien à travers les superpositions, et à la fin
flou d'herbes vague terrain quand on descend tout au bout du trajet c'est le vent qu'on entend un ressac et la mer (la mer nous dit-on)
la ville maintenant est lointaine
elle est hors d'atteinte
elle est évanouie
un mirage un parc d'attraction une fête foraine un reflet dans une flaque un canal l'événement d'une marée montante

chaque lumière est chaque silence
un poème déclinaison
Chaque lumière est chaque silence
Chaque silence chaque souvenir
Chaque souvenir chaque jour...
jusqu'à ce beau vers final quand le regard s'incline
et
la déliaison
un beau texte sans faiblesse sur des camps, sur ceux qui y vécurent réduits à rien, rien que leurs corps
Ils ne vivent plus. Ils se contentent d'exister, coeurs battant mécaniquement en un triste silence, ce qu'il reste d'âme figé de nostalgie. Aux portes d'une nature devenue à jamais vénéneuse, parce que leurs semblables y ont un jour engendré la pire des colères.

entre deux qui "se connaissent un peu"
reprend les quatre ou cinq trucs par jour d'Hervé, à sa sauce personnelle, et en profite pour les noter d'avance ces trucs qui sont son vase, parce que, et c'est le deux
c’est un peu mon utopie de vie, de préparer tout à l’avance pour être bien tranquille (par exemple, avant de se coucher le soir, se doucher s’habiller déjeuner pour ne plus avoir à le faire le lendemain matin, le genre d’idées qui me traversent l’esprit) (mais je m’empêche) zut, je croyais que c'était une manie familiale...
et vous laisse découvrir la suite, dommage de chercher d'autres mots
et
saugrhervénette du vendredi vase communicatif
admirable retenue, ne fait pas une saugrenette, c'est inimitable, même pour lui... quoique... partant du verbe saugrenetter qui est refusé par le correcteur automatique on avance en souriant (et là comme pour Christine vous laisse découvrir, ma brièveté n'ayant d'autre raison que la totale futilité qu'il y aurait à vouloir m'interposer)
rien ne passe et c’est pas grave, parce que toi tu passes, tout lisse on dit ici, il est passé tout lisse l’Hervé, on insiste sur le l’, et ça veut dire soit que tu passes en superbe indifférence 

l'élégance des désespérances
tu vois jouer un accordéoniste et ne l'entends pas – parce qu'en ce pays où tu es arrivé il est permis de jouer mais en silence – et le texte détaille avec un soin admirable le mutisme de ces musiciens – on regarde, on entend les gestes
Dans ce pays, tu n’avais pas connaissance des dernières règles : on conseillait de fixer dorénavant son attention sur les lèvres, les joues, les gorges, de se griser du mouvement des bras, des mains, des doigts plutôt que de jouir des sons. On devenait ainsi encore plus fétichiste et le gouvernement était fier de cet attachement aux gestes – l’élégance des désespérances. Une vie non pas débranchée, unplugged, acoustique ou insonorisée mais sourde et muette.
et ce n'est pas valable que pour les musiciens... dans ce pays aussi, on ne descend plus des trains ou métros où on écoute, et on ne voit plus l'extérieur (lisez donc cette utopie d'un bonheur calme)
et
de côté
des passages d'un ensemble intitulé vision périphérique
intelligence en mouvement, en mots – la vision,
avec la macula, le détour introduit par un petit récit
Un matin d’avril. Le froid fait soudain place à un mirage de printemps. Trajet buissonnier pour rejoindre un rendez-vous. Les filles ont ressorti des tenues estivales dans lesquelles elles frissonnent un peu. Passage sous un pont, long tunnel, brève immersion dans le froid de la nuit. Le soleil découpe un projecteur ovale devant moi. Je crains ces éblouissements et la cécité temporaire qui les accompagne. Sans y penser, je relâche les muscles qui contrôlent l’accommodation, laisse mon regard flotter. Au moment où je vais rejoindre la lumière, marchant lentement contrairement à mon habitude, un passant arrive à ma hauteur. Je ne tourne pas la tête pour ne pas gâcher le doux flottement qui me porte. C’est alors que cela se produit. Dans le flou du coin de mon œil, j’enregistre un visage, l’air un peu ahuri, le menton large, une pommette rougissante et la décision de changer de regard (avec le mode de vision adopté dans son travail)
il y a aussi mouvement, entraînement, saccades et chaque fois une réflexion sans pesanteur et attentive.


échange entre, chaque fois, «deux passages textes»
le premier poème, daté de février,
lune et couverture très hautes ;
on faisait semblant de s'endormir
hésitation mais avancer et si l'on se trompait de mots, c'est peut-être qu'on se trompait de morts
et le second, d'avril, liste provisoire de mes dernières découvertes sur ma vie
un beau poème non sans malice introduit par trois prolégomènes qui le sont tout autant
une suite de phrases comme une suite de vers, commençant presque toujours par enfant après
/ nos parents ne sont pas nos parents
/ la vie est -somme toute- une femme voyante allongée rousse sous le soleil avec deux rondelles de concombre sur ses paupières fermées -manque que la crème fouettée et la ciboulette- ; (je confonds -peut-être ; à vérifier)
/ j'ai maintenant un certain nombre d'éléments ; mon père était l'océan présent patient l'océan parle il n'y a pas de jours sans océan ma nage contre ses mouvements ses roulements l'océan reste dure il ne mourra pas je l'entends ; ma mère était le vent s'absente jamais trop sûr qu'il soit là pas toujours clair d'où il vient il part il y a des journées sans aucun vent à me souffler son murmure il pleure éventuellement je l'attends dans mes cheveux longs et lents
pour finir par trois post-légomènes
et
deux beaux poèmes
l'un qui avance, bellement de
tu te garderas et quoiqu'il advienne
à garde-nous rassemblés
l'autre, que j'aime beaucoup
les deux corps dans un lieu, une chambre ou non, mais haut perché
quand le froid nous serre

longtemps sur ta taille mes mains sur ton nom

ou dans tes cheveux longs à défaire



après un échange de photos

memoria a memoria (lecture d'image)
une lettre adressée par L. à Chloé, pendant que les enfants dorment – pensive et belle réponse à l'envoi d'une photo prise autrefois par Serge, qui devrait rappeler des conversations à quatre, une photo un peu étrange, et en la regardant, en voyant l'arbre, son enracinement, les souvenirs qui s'éveillent lentement, comme les enfants maintenant
Mais comment reconstituer la mémoire d'un absent ? Tu peux peut-être dire, toi si cette version te parait possible, si elle fait surgir dans ta propre mémoire un fragment de conversation comme nous en eûmes des milliers ? Et que dit-elle de Serge, et de nous ? Mais il se pourrait aussi que fusionnent sur cette image mes propres souvenirs, ou bien ceux de mon père.
et
le profil perdu (lecture en image)
un récit, tendu, un qui marche sur un sentier, presque effacé, ancien, marche incommode, appliquée, difficile, un qui se souvient, ou qui n'y pense pas mais a ça derrière soi : la visite au médecin de campagne -et les mots de Dominique Autrou valent mieux que cela, donc suivez le
...le moindre perdreau de l’année sait que si le seul chemin qui vaille est celui que l’on trace encore faut-il l’écrire quelque part pour s’en souvenir Ah mince s’entendait-il dire tout seul tout bas tout court tandis que sa trajectoire avait indiscutablement dévié par rapport au mince réverbère pris comme repère comme aber presque...
jusqu'à la photo de travers.

Prendre le livre le plus proche, l'ouvrir à la page 18, choisir une phrase, la proposer à l'autre
de l'aube au couchant à partir de De l'aube au couchant, il errait parmi les ombres et les décombres. On aurait dit un fantôme captif de ses ruines. - Yasmina Khadra, ce que le jour doit à la nuit
en courtes phrases-paragraphes, un (32 ans) qui erre parmi les ruines, après la mort de sa mère Marie
Encore une, encore des dizaines d’interrogations tournent dans sa tête tant d’années après.
Pourquoi, pourquoi, hurle-t-il mais les mots ne franchissent pas ses lèvres.
Encore et encore des décombres.
Pourquoi a-t-il cru voir l’ombre de Marie au coin de la rue ?
elle à qui il voudrait annoncer la naissance de son fils, à lui.. et voilà qu'elle retrouve en lui son premier nom : Maman
et
Pour atteindre des médicaments haut placés, le pharmacien gravit par jour 50 fois 1.50 mètres sur son échelle. - Jean-Louis Fournier, Arithmétique appliquée et impertinente, page 18.
ce serait être pharmacienne, un peu comme on joue à,... mais la mère l'était vraiment, elle
Ma mère avait de beaux mollets galbés. Cinquante fois par jour, elle gravissait un mètre cinquante et se contorsionnait pour atteindre la plus haute étagère vissée à gauche de la porte contre laquelle était posée l'échelle.

gares (sur google.street)
des deux gares
souvenir d'une ville de jeunesse, une ville avec deux gares – description un rien acide de la place de La Gare, avec le béton, la treille métallique, l'ancien garage devenu cinéma... et puis les souvenirs se précisent, prennent les rues, retracent les trajets de cette fin de l'enfance... allez y
Depuis, le lieu s’est enrichi d’une troisième évolution, très grande vitesse aidant. On trouvera l’annexe donc de la gare nommée avec une élégance historiquement agricole « la gare à betteraves» située à quelque quarante kilomètres à l’est de la principale. On y accède par une route droite comme la justice et l’ordre réunis. Les édiles élitistes l’ont intitulées «TGV Haute Picardie» comme si le qualificatif avait quelque chose à raconter. La gare est ce rectangle blanc qu’on discerne au presque centre de l’image, on parvient à voir la voie de chemin de fer qui poursuit sans jamais l’atteindre l’autoroute A1.
et
la quête du grand partout
réflexe en arrivant quelque part : aller voir la gare, les voies de chemin de fer
Peut-être que ce que j’aime c’est l’idée de ces deux rails parallèles, appelés forcément à ne jamais se rejoindre, traçant leur chemin jusqu’à l’infini.
et imaginer des voyageurs clandestins comme dans le grand partout roman de William T. Vollman (et nous avons droit à 36 images de trains ou de voies)

échange d'adresses sur les carnets du lotissement auxquels participent tous les deux
Hard times
chez Gilles au 21 rue Marcel Proust, avec accompagnement de John Lee Hooker et Lightnin' Hopknis, enfin plus qu'accompagnement, c'est le texte qui est mu, provoqué, par la musique, et j'aime fortement le tout
de toute façon pas ton affaire les mots, hard times, hard times, pas par là que ça passe, c’est ailleurs, trop pressés les mots, figent, engluent, leur sale manie le définitif, pas une phrase qui ne se conjugue à l’infinitif, au c’est comme ça et pas autrement, même si aussitôt se dire que c’était pas ça, qu’on n’aurait pas dû, qu’il aurait fallu, qu’il faudrait, les mots ça demande qu’à s’empiler... ces mots que t'as pas su manier, avec lesquels tu as fichu ta vie en l'air... et les idées circulant en écoutant en arrivent à ce quartier, ce lotissement, ce bout.
et
au 7 rue Honoré de Balzac, chez Michel
un visage d'ange, encore
un couple, lui la regarde assis au milieu de ses livres (sauf qu'il n'est plus là, ne subsiste que sa photo), elle devant l'écran cherche à alléger le poids des heures de la nuit... la musique d'une voiture garée sous l'appartement... une ambiance, et le souvenir de ces années de vie commune, un beau texte, discret,
Mais à part toi et à le voir comme cela, installé dans son salon, chemise bleue ciel le col ouvert ses beaux yeux fixes sur l’objectif et ses bouquins d’art alignés derrière lui sur les étagères, qui pourrait s’en douter? De ce qui se cachait au verso; ses manies de derrière la tête. Ses obsessions. Regard de façade là, de pose pour la photo....
et ce vide, et le souvenir qui n'est pas si angélique que le dit la photo.


Il y a eu, aux petites heures de samedi un échange sur la «projection des cartes», que je pensais abandonné, retardé par des ennuis à répétition, entre


un poème qui file en vers très courts, le monde qui est là, à malaxer, à écraser – s'y allonger, gagner des mètres sur le périmètre de sécurité, un monde de montagne... bon, préférable de la lire elle qui dit avec un sourire un rien rageur
Je vis un pays en sommets
en creux et en déliés
je vis un pays en lacets
que j’oublie d’attacher
si je marche dessus
je continue pieds nus.
et
une présentation détaillée, intéressante, vivante, jouissive de ce que sont les cartes, de leur établissement etc... et là encore ne saurais prendre sa place - juste noter cela, un peu au hasard
Elles continueront de grandir, et de parler avec d’autres choses. Elles trouveront pour les faire vivre, et parler encore, l’aide de ceux qui savent comment imaginer. Ceux qui savent écrire d’autres mots sur les cartes, et d’autres pour remplir des cartes avec les mots, et d’autres encore pour faire des cartes de mots.

il y aura (ont été retardés de plusieurs jours, à leur très contre-coeur – et je compléterai dès que possible)
Angèle Casanova
et
François Bonneau


Sont arrivés, en début de soirée, vendredi, le suivant, après traverses multiples, les deux derniers vases, le bel échange (texte sur photos de l'autre) entre
aflojar a fondo
un immeuble, des balcons orientés et entassés, et lui qui y habite, qui possède une part, une petite part de cet appartement – pense, à elle qui en possède la plus grande part, elle qui règne – son refuge à lui, le cagibi – et quand il en sort… lisez Poivert
Lorsqu’il sort enfin, après avoir introduit son ticket de caisse dans la machine, debout sur la pointe des pieds, les épaules plaquées au dossier par sa ceinture assassine, il tremble. Il cherche des yeux un endroit où se garer. Et puis se souvient. Que précisément. Il n’y en a jamais ici. Et que c’est pour ça. Qu’il est monté. Dans ce piège. Alors, n’en pouvant plus, il s’arrête en double file, au milieu de la circulation, et met les feux de détresse. Parce que. Qu’on ne lui dise pas qu’il ne l’est pas. En détresse.
et
poudrerie
le refuge des deux amants décorés d'inscriptions en leur absence – et c'est si joli, ce ton, presque comme un récit d'antan en notre monde actuel
On y pratiquait pas l’ascèse. On ne se privait pas de l’autre, jamais, nous étions nos self-services, il y avait toujours des restes, la part du pauvre, un peu de rab, une lichette pour la route, et l’on se consommait en grand, jamais d’écrémé, jamais d’allégé, deux fois double ration, bref on se dévorait, et pas souvent des yeux, à quoi bon quand on a la peau.

et puis, autour du pastel, il y avait
notre pastelliste préférée Claude Sales (ci-dessous)
qui, à partir d'une photo empruntée sur internet, lançait un grand immeuble bleu et or de lumière dans un ciel très bleu
La couleur, c'est répondre à son injonction et foncer tête baissée dedans.
On m'a moquée quand j'ai comparé l'effet de la couleur à celui d'une religion.
Qu'on me démontre le contraire.
Et moi, Brigetoun, m'en était allée chez elle http://colorsandpastels.wordpress.com/2013/04/04/vases-communicants-avril-2013-voyage-en-terre-de-pastels/ pleine de respect pour sa ténacité, sa passion, pleine d'admiration pour les résultats, moi qui en suis bien incapable
Et puis les ai oubliés mes défaites, pour regarder la mer, les laisses de mer, les alignements d'arbres, car j'allais au royaume de la gente dame, pour goûter cet amour des couleurs qui lui fait les chanter, cet amour des couleurs qui ne se satisfait pas d'une approximation, et me souvenais d'un certain vert longuement traqué.
Ouai.. bon je la prie de me pardonner (moi je ne comprends pas comment j'ai pu me satisfaire de cela)
Et j'avais largement le temps de faire le repassage, mais j'avais décidé de jouer, me cramponner à l'irresponsabilité et à l'imbécillité. Ceci dit il semble bien que les vases séduisent de moins en moins, et c'est dommage il y avait de fort belles choses.

14 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Décidément un jour ces résumés deviendront des pièces d'anthologie qu'il plaira aux futures générations de consulter. Une grande bibliothèque d'Alexandrie, en quelque sorte ;-) sur les vases communicants.

Dominique Hasselmann a dit…

@ brigetoun : merci, une fois encore, pour votre travail d'archiviste chevillé au corps !

32 Octobre a dit…

que de trésors découverts ce matin
plein d'envie de lecture à dévorer avec un rocher au chocolat au lait et un grand verre de jus d 'orange
merci

arlette a dit…

Piquer un mot , une phrase , une histoire et rêver
"Des rêves bonzaïs dans des jardins intérieurs " d'Anne Jouy par exemple
Un régal

Anonyme a dit…

Belle Mosaïque des mots des histoires des écritures.Merci.

Brigetoun a dit…

:merci mais à part peut être ajouter les deux échanges en retard, très envie de tout arrêter là ce matin

jeandler a dit…

Préférer repasser ses classiques que son linge. Pour le plaisir des lecteurs. Merci.

Anonyme a dit…

Brigitte, arrêter (peut-être, à la limite, et encore) (je le fais jamais plus-je mets les chemises à sécher sur des cintres et basta-en même temps c'est de mon genre - pour le reste, pantalons etc. ils se repassent eux-mêmes pendus par le bas des jambes dans l'armoire) (pour la vaisselle, oui) (et le ménage, oui aussi) (mais les poussières quelle plaie) arrêtez dis-je, le repassage, peut-être, mais pour le reste, non : continuez !!! Et merci...

Gérard Méry a dit…

pour que je lise tout...tu repasseras "

joye a dit…

Tu repasses tes laines ? Waouh, quel courage !

(j'ajoute que la réponse en ligne est une pub pour la drogue Cialis)

annaj a dit…

oui grande reconnaissance-il faut peut-être le dire plus et mieux- grande reconnaissance pour ce travail de mise en évidence, de lecture, d'attentions multiformes pour nous tous.. merci Brigitte-

arlette a dit…

oh! oh! ne nous laisse pas tomber comme une vieille chaussette

Gérard Méry a dit…

je repasse et toi ton linge est toujours à repasser

Brigetoun a dit…

merci de repasser - mais le linge l'a été