météo
Trop
nombreuses petites incursions brèves entre vie du jour qui ne
voulait pas naître et retour sous drap (et boutis, les nuits de
canicule sont loin) – ouvrir volet sur l'indécision de la cour,
prendre une cuillère de yaourt, se rendormir -
revenir
à la conscience, sentir que s'éveille une présence pénible de
carcasse, la rendre supportable, s'attarder sur internet pour ne pas
affronter le jour, couper, l'aspirateur comme une frontière....
se
baigner les yeux de bleu, et les re-poser, un rien brumeux,
perplexes, sur l'écran, un fichier vierge, tenter... et s'interroger
sur ce sacré vase, ce sujet si simple que j'ai choisi et qui me
laisse totalement froide et vide
ne
sortir que brièvement pour aller poster des règlements de factures,
pendant que la place se prépare lentement pour les derniers
touristes... et me bagarrer avec objets et mac en résistance,
indociles et indolents.
lecture
ai
déserté la pile de livres en attente, cette nuit, me suis promenée
entre poètes poètes d'outre-mer et poètes de la Méditerranée, me
suis enfoncée dans le sommeil après la ballata de la guerra
d'Eduardo Sanguinetti
principi,
presidenti, eminenti militensti potenti,
princes,
présidents, éminents exemptés puissants
erigenti
esigenti monumenti indeccenti,
érigeant
exigeants des monuments indécents,
guerra
alle guerre è una guerra da andate,
guerre
aux guerres est une guerre qui requiert,
lotta
di classe è la guerrra da fare.
La
lutte des classes est la lutte à faire.
Belle traduction de Jean-Baptiste Para qui restitue
presque la force des assonances martelées par Sanguinetti pour bien
dire cela.
alphabet
Ai tant tardé à me décider à entrer réellement dans
le jour que la liste des mots en m, puisque c'est leur tour, s'est
allongée inconsidérément.
Je me suis promis de les effleurer, ou de sabrer, et,
pour tenter d'être brève, me suis installée dans la cour, dos au
mur, dans le soleil – fermer les yeux, boire sa brûlure qui est
maintenant supportable et ne me réduit pas en cendres humides –
aberration qui me vient à l'esprit -, au bout de quelques minutes,
penser à un mot pendant une dizaine de minutes, faire deux pas,
entrer dans l'ombre, écrire sur le petit carnet posé sur la table
décrépite... cela a duré le temps de cinq mots, et puis je suis
rentrée, terrassée ou acceptant de l'être, par un désir de
sieste... bienheureuse sieste suivie d'un petit tour dans l'antre et,
ne sais plus à la suite de quelle idée, d'une longue plongée dans
le catalogue d'une vieille exposition de Fragonard au Grand Palais,
très agréable errance entre reproductions, fragments de lettres
etc... très loin de l'alphabet.
Ma foi, désolée, je ne devais pas être capable de
mieux.... ai gardé, poli un peu, complété par quelques mots et j'en ai gardé
la moitié pour demain.
mains
les compagnes ouvrières auxquelles j'attribue ma
maladresse, gardant pour moi mes rares réussites
ce que je regardais d'abord chez un homme
leur beauté, leur joliesse, leur finesse ou leur force,
et la petitesse, la banalité plébéienne des miennes (qui me
plaçait dans la lignée paternelle, disait-on) – je m'en consolais
en les prétendant faites pour le modelage (ce qui ne s'est guère
confirmé... mais certainement par la faute de l'amateurisme appliqué
dans lequel je me réfugiais pour ne pas perdre mes illusions)
manille
mot venu là surtout par goût de la douceur joyeuse de
ses syllabes..
leur jolies formes luisant doucement dans une boutique
d'accastillage, leur indulgence pour mes doigts maladroits, et le son
surtout, à chantonner, et tant pis si mantille vient absurdement à
la suite
ah ! et puis c'est vrai : le jeu, mais je ne le connais
qu'à cause de Pagnol (et, aveu, je n'aime que très modérément ses
pièces et l'insistance avec lesquelles elles reviennent
régulièrement)
marches
les trois marches de marbre rose de Versailles, Musset
et mon père (un de ses poèmes préférés avec j'étais seul
l'autre soir au Théâtre Français) – et toutes les autres, en
pierre, ciment, métal, les larges, profondes, aux contremarches
aimables, des escaliers nobles et celles qui montent, étroites,
raides, sans paliers intermédiaires, en tournant interminablement
des escaliers de service.
les affronter sans souci des regards (ne le pouvons) –
les vaincre avec un sentiment de triomphe caché ou, souvent
maintenant, surjoué, quand je lâche la rampe – le souvenir du
temps où j'étais chèvre.
Et puis... les calculs pas si aisés pour les
dessiner...
marine
ai fui, en ai gardé un léger regret, une petite
nostalgie liée à l'enfance
micocouliers
mot aussi doux que le
tronc lise, que l'ombre, que la grâce des feuilles et la forme du
dôme allongé -
je ne leur reproche que de
prendre, souventes fois - bellement bien sûr, mais tout de même...
- la place des platanes que le chancre doré a tué et que je pleure
mer
mon
amour, que je voudrais moins platonique... l'est un peu tard
et
puis il y a trop à dire - laissons la murmurer, scintiller, se gonfler
tranquillement sous de petites risées, ou gronder, ruer, enfler, se déchaîner si
elle le désire, ou si les vents l'ordonnent.
merde
voulais l'éviter, s'est imposé... en rester à l'interjection, que ma mère
traduisait par miel d'abeille, et à mon snobisme adolescent
qui me faisait le semer dans toutes phrases le permettant, par
vénération pour une toute petite grande dame qui les multipliait
allègrement (tu attendra d'avoir sa classe)
miel
une
cuillère au petit matin, entre deux endormissements
le pot de miel de lavande,
à la saveur forte et banale, sans grand intérêt, si solide qu'il
me faudrait presque un couteau, que je DOIS finir
la blancheur
merveilleusement parfumée du miel de romarin que je trouve parfois chez
mon marchand d'huile,
les miels étiquetés
mille-fleurs qui ne sont rien qu'une médiocre qualité,
la force du sombre miel de
sapin, de temps en temps, en aime surtout l'idée
la consistance
merveilleusement crémeuse d'un miel de couvent varois, un peu
décevant en bouche, ou trop délicat pour moi,
et le plaisir de la saveur
riche et de l'ambre brun des miels de châtaigner, de ceux de Corse
ou des Cévennes, quand il veulent bien être un souple ruban et ne
pas s'échapper, trop liquide, avant de parvenir entre mes lèvres.
miroiter
la
lumière qui danse sur les petites fronces de l'eau du fleuve, y pose images mouvantes, quand le soleil amorce sa descente vers la
nuit...
le jeux des reflets sur les plis d'une moire empesée,
et les
mots trompeurs qui vendent des rêves.
j'allais oublier MOI...
je le salue
dévotieusement et m'en débarrasse en le laissant là, ou crois le
tenter..
et, stop - j'en reste là,
je remercie grandement les éventuels lecteurs et je garde
soigneusement en friche la fin de ma liste jusqu'à demain (ne me
découragerai pas, même si n'aurais sans doute pas dû commencer)
PS
Si le voulez bien, je suis
chez les cosaques des frontières, en visite aujourd'hui, et vous
suggère, si ne le faites déjà, d'y passer régulièrement pour
suivre leurs histoires http://lescosaquesdesfrontieres.com
10 commentaires:
Mais c'est nous qui remercions. Vraiment.
Plaisir tout pareil du miel de châtaignier et au-delà de ces mots que je lis si souvent comme s'ils étaient choisis et écrits pour / par moi, avec surprise et gratitude.
M
Mallarmé :
- "Tout au monde existe pour aboutir à un livre..."
René Char :
- "Les mots qui vont surgir de nous savent de nous des choses que nous ignorons d'eux..."
Des m en merveilles ...
Première image en abstraction réussie
L M : elle aime en son Miroir surprendre l'image des jours.
merci aux talentueux commentateurs
"j'en ai gardé la moitié pour demain" humour ou sérieuse ?
sérieuse, me maudis puisque nous sommes demain
Maudit ? tu peux conjuguer les deux jours...M ..le Maudit...avec Peter Lorre
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