Aime bien la lyre –
peut-être parce que jamais écoutée – aime bien la lyre parce que
l'écaille de la tortue (souvenir d'un petit sac du soir qui n'était
pas sac justement mais étui, ce qu'on appelait une minaudière)... –
aime bien la lyre parce que Orphée, et malgré ce brigand d'Hermès
(quoique si tous les marchands avaient autant de charme voyou...)
Pour le luth j'en reste au
pire ver de Musset (préfère le cou svelte et charmant, celui
qui était au théâtre français le soir où l'auteur n'avait pas
grand succès, préfère le théâtre d'ailleurs)
Craignais très fort la
harpe (on prend une lyre, on tire dessus pour l'agrandir, on retourne
la table) qui amène en moi l'idée d'une jupe droite à petit pli au
creux des genoux, en tweed, de cabriolets Louis XVI délicieusement
inconfortables, d'un feu mourant dans une cheminée, d'une tasse de
thé très clair et froid, d'un groupe de joueurs de bridge
s'engueulant avec une amabilité flûtée – l'aime bien quand elle
vient poser ses notes au choeur d'un orchestre, mais craignais donc
très fort un concert exclusivement harpe, même jouée par le beau
musicien qu'est Xavier de Maistre (tuant un peu ainsi l'image de la
femme diaphane en robe surannée) même avec un riche programme (ou à
cause du long programme)
Ma foi, puisque mon
abonnement le comprenait, ai mis une robe rouge, une redingote, ai
tenté.
En tournant le coin, en
regardant vers la place, j'ai vu que la Civette était ouverte, comme
l'espérais (trois cigares jusqu'à lundi c'était un tantinet
insuffisant), et puis j'ai débouché, jeté un coup d'oeil au delà
de Molière, ce grand maladroit, qui fit un
jour Alceste,
dont le désabusement habituel m'a semblé ironique, suis restée
pantoise devant les portes fermées, ai fait un petit retour vers ce
qui me sert d'intelligence, ai conclu que nous n'étions pas le 16
mars.
Acheté
mes cigares, demandé aux compagnons de l'horloge qui se cachaient
dans une lumière bleue, de ne pas se f... de moi, suis rentrée,
ai regardé, avec un grand plaisir, comme chaque fois, Falstaf,
la vieille
version de Solti avec Gabriel Bacquier, l'orchestre philarmonique de
Vienne, une bonne distribution, et un décor reconstitué avec une
ravissante fausse authenticité.
10 commentaires:
Bel étonnant. Beau décevant. Bel âtre. Bridgetown en un peu de Leiris.
Les compagnons de l'horloge ont souri (sous cape..)
du matin et du soir Brigitte, comme les compagnons de l'horloge, on vous suit avec grand plaisir dans cette promenade gustative de cité du pont et des papes
mille et deux excuses, mais quasi impossible de vous lire ce dimanche matin : il tombe des millefeuilles de neige !!!
La promenade, dans les chemins creux du Berry ou au long des rues de la ville/culture du Sud flamboyant.. plaisir tranquille que tu nous fais partager : ta main tendue est en soit un petit bonheur.
J'aime la promenade, l'ambiance décrite. Pour la lyre, l'ai entendue par un groupe qui tentait de recréer la musique grecque ancienne, instrument recréé aussi, qu'en peut-on savoir ? Rien à voir avec la harpe bien qu'elles soient de la même famille, mais je ne peux décrire. Ce que j'aime dans le luth, c'est que le son en est très doux.
Entre la lyre et Falstaf, il reste la poésie et les mots. Puis trois petits cigares s'en vont...
EXACTEMENT !! un nuage de poésie
il en est ainsi des jours et des nuits
Google Reader m'a montré ton autre article sur "oser" où tu dis "si on a le talent" et je voulais te dire qu'il faut toujours oser, on ne peut jamais vraiment savoir si on a le talent qu'on croit...nous ne nous voyons jamais comme les autres nous voient.
Bon, ton blog ne veut pas me montrer cette page, alors, je me trouve ici devant la harpe. ;-)
bisou brige
Des Lyres en tous genres
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