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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, octobre 18, 2014

Incursions en ville


Un petit circuit le matin, pour yaourts, bonbons, rouille, toasts, teinturier et autres broutilles, sous ciel bleu franc, dans la relative douceur qui tolérait le veston de velours.
En passant devant la maison des Fogasses, où il faudra que j'entre un jour, un arrêt devant la vitrine envahie par les grosses coques de feutre d'une oeuvre de Sarah Barré (qui expose ses coques blanches au cloître Saint Louis) - présence énorme du feutre baleiné qui occupe toute la place, forme, qui se dérobait dans la profondeur de la pièce, refusant saisie par l'esprit et par l'appareil..
retour en saluant mon ami Molière qui exposait sa peau grêlée au soleil...
et départ en début de nuit vers l'opéra pour un concert symphonique dirigé par Samuel Jean avec Bertrand Chamayou, devant une salle comble.
programme russe Scriabine, Rachmaninov, Tchaïkovski
de Scriabine, la brève rêverie opus 24 que j'ai modérément aimée
bois rejoints par les cordes en nappe, aigus un peu acide, quelques belles touches d'ombre
et puis le concerto pour piano et orchestre n°2 de Rachmaninov que n'avais jamais entendu intégralement, avec le jeu brillant et sensible de Chamayou
notes graves du piano prenant puissance, rejointes, après un temps, par le bloc des cordes discrètement soutenu par les instruments à vent – les cloches sur la mer de l'orchestre – trilles claires – martèlement par tous les instruments – apaisement – chatoiement et force etc...
au deuxième mouvement (l'impression de reconnaître des passages piqués à droite et à gauche) la lente montée songeuse des cordes, et s'en vient la mélodie du piano, puis la flûte et son entretien avec la clarinette – une douceur légèrement triste avec des sourires – hésitation ondulante – montée comme si on tournait lentement dans un escalier de tour – alternance de lumières et de légères ombres – la brusque rupture et le piano en romantisme déchaîné – le dialogue adouci etc..
le troisième mouvement débutant par la danse des violons, l'accélération, le piano etc... mouvement extérieur, force et harmonie, quasi brutalité
et Brigetoun assez conquise, moins par ce dernier mouvement, se disant oui, mais je préfère ses quatuors
et puis le plaisir des deux bis
  • un lied de Schubert à chanter sur l'eau dans une transcription de Liszt (un rien trop présent dans les dernières mesures)
  • et de Richard Strauss la transcription de cette valse que Schubert n'a jamais écrite
J'ai un peu hésité à rester après l'entracte parce que c'était la belle mais très romantique, et surtout très très pillée, très entendue, par morceaux, plus ou moins déformés, symphonie n°5 de Tchaïkovski et que j'ai avec lui des relations mitigées, entre plaisir et ennui (ah les ballets ! Bon il y a heureusement souvent la danse)
et il m'a eue, presque – devais être en accord avec ses ombres, moins avec ses furies finales
parce que j'aime la douceur sombre comme un velours brun mordoré du début qui laisse venir le chant
parce que j'aime dans le deuxième mouvement le dialogue entre le cor et la clarinette, et l'arrivée déterminée mais timide du hautbois
parce que bien entendu la valse sombre donne l'impression de l'avoir trop entendu, s'associait pour moi, peut être à tort, à une impression de réclame, de commerce – mais qu'elle n'en chante pas moins doucement, malgré l'irruption au milieu, et à la fin d'une frénésie

mais il y a cet interminable final, avec des beautés certes, que les amateurs m'excusent, et il m'arrive d'y être passablement sensible, mais ses longs moments de bruit qui m'ennuient un peu, ses fausses fins où je me retiens d'applaudir avec un zeste de soulagement (ce qui fait que je suis la dernière à réagir à la vraie fin...) bon je suis exagérément partiale.. mais on ne saurait tout aimer.
Ai applaudi, le temps nécessaire, mais près de la porte, la belle interprétation, mes moments de plaisir et l'enthousiasme de mes voisins, et m'en suis allée l'une des premières,
rencontrant un monstre non musical endormi à côté de l'opéra.
et comme j'aime au moins autant cette musique, et qu'elle me manque, je ponctue avec, trouvée dans l'après-midi en cherchant mollement Chamayou dans le concerto de Rachmaninov, une vidéo où il joue le bref et beau tombeau de Messiaen de Jonhatan Harvey

8 commentaires:

arlette a dit…

Ecouté ton extrait en relisant et la magie opère de toute façon
Chance d'être si près de tout sans voiture

Brigetoun a dit…

surtout de l'opéra à vrai dire - un petit quart d'heure en marchant tout doux

Dominique Hasselmann a dit…

Les monstres mécaniques ont aussi leur charme, gros insectes patauds et silencieux alors...

Le messianisme de ce genre me plaît.

jeandler a dit…

Quand je viendrais à Avignon, je t'apporterais des bonbons. C'est tellement bon.
J'aime ces fausses fins dans les symphonies comme une éternelle surprise et qui dure.

Brigetoun a dit…

et il dormait toujours ce matin quand suis passée, chancelante sous le poids de mes paquets à côté de lui… l'aurai bien emprunté mais j'avais pas la clé

Brigetoun a dit…

Pierre, sauf quand on trouve que ça devient longuet

Gérard a dit…

quel contraste la pelleteuse et le pianiste...le titre d'un roman ?

Brigetoun a dit…

si elle est toujours là demain l'interrogerai