au petit
matin
traces
d'ondée sur dalles
en brun, rose
et vert
chaque désir
de sortie
s'évanouit
en retour pluie
et, même si ne
veux pas me laisser gagner par lâcheté, même si pleine de
résolutions, me suis, avec une indulgence coupable, légèrement
coupable, pas si coupable, d'ailleurs n'avais rien à faire vraiment
dehors, rencognée dans l'antre
j'ai voulu lire
le PDF de l'e dans l'o de décembre... mais ne sais ce que j'avais
fait en le téléchargeant... je ne l'ai pas retrouvé, alors l'ai
commandé, ce qui me vaudra le plaisir plus grand de l'avoir, de le
dérouler et de le joindre aux deux numéros papier que j'ai (vais
leur fabriquer ou trouver un récipient pour en faire un bouquet,
http://christinejeanney.net/spip.php?article1385
et vous encourage vivement à cliquer pour recevoir le PDF, c'est
toujours une marqueterie de petits cailloux précieux
et puis (bon je
sais que ne ressemble pas à mon amie la lectrice de Titou
http://www.titouvergier.com
que j'ai prise comme totem) me suis installée pour finir la lecture
de Gratitude – journal IX 2004-2008 de
Charles Juliet, retrouvailles ravies pour l'ignorante qui n'avait lu
que Lambeaux, bien
entendu et au pays du long nuage blanc
– journal VI, qui
me donne envie de me procurer les autres numéros du journal, après
avoir dégusté en débuts de nuits, peu à peu, pour éviter un trop
grand télescopage, ces petits textes, le suivant dans ses rencontres
– de très belles notes -, ses réflexions, sur la vie, sur
l'écriture, sur l'actualité, dialoguant - avec audace puisque dans le vide - avec sa
philosophie, aimant les courts portraits d'inconnus, le regard
toujours humain qu'il pose sur eux et sa façon de leur donner vie.
Je l'ai
croisée à plusieurs reprises dans la rue. Chaque fois, j'ai été
saisi. Affligée d'une importante déformation de la colonne
vertébrale, les jambes filiformes, elle a une démarche
particulière. L'épaule gauche projetée vers l'avant, la tête
fortement inclinée sur l'épaule droite tirée vers l'arrière, elle
avance en se tenant de biais. Son regard se porte vers le sol, et
pour se diriger, elle est obligée de regarder sur le côté. Elle
peut avoir une vingtaine d'années. Avec sa très courte minijupe, sa
cigarette aux lèvres, son visage lourdement fardé, sans doute
veut-elle faire oublier son handicap et affirmer sa féminité. Mais
bien évidemment, elle n'abuse qu'elle... hier j'ai pris conscience
que chaque fois que je l'ai croisée, j'ai été traversé par toutes
sortes d'émotions. Et subitement, j'en ai compris la raison. Si le
simple fait de la voir me remue à ce point, c'est parce qu'elle me
rappelle une personne que j'ai beaucoup aimée...
…
Un balaise.
Une masse de muscle. Bras écartés du corps, il marche légèrement
penché en avant, comme s'il s'apprêtait à défoncer l'obstacle qui
pourrait surgir devant lui. Je l'ai croisé à plusieurs reprises
dans ma rue, et forcément, je l'ai remarqué... Curieux de savoir
sil était éventuellement un joueur de rugby, je lui ai adressé la
parole. Sa première réaction a été de crainte et d'agressivité.
J'ai été surpris...Je sais pourtant que ceux qui bénéficient dans
la vie de réels avantages – argent, beauté, dons intellectuels
hors du commun, voire cette puissance physique qui laisse supposer
qu'elle pourrait s'accompagner d'une certaine assurance – ne sont
pas forcément promis à connaître confiance en soi et sérénité.
Le
ciel pendant ce temps s'allégeait, reprenait sa charge, la soulevait
à nouveau et comme un miracle vers quinze heures le bleu lumineux
nous était rendu...
un
peu adouci quand suis sortie dans l'après-midi, juste avant que la
lumière décline, mais il en restait encore suffisamment pour que
les très fins, distingués et écologiques scintillements de la
place de l'horloge et de la mairie soient d'une discrétion extrême
(les fines guirlandes espacées des arbres et de la façade n'étant
guère plus visibles qu'une légère brume ou une idée... j'aimais
assez)
8 commentaires:
ai supprimé maladroitement un gentil commentaire d'Arlette - tant pis le recopie (sans honte)
Ton écrit semble souvent poursuivre ou suivre les extraits de textes ...et ton monde est ainsi enchanté
Grand mistral de glace 3 degré ciel aussi pur
et j'y réponds = même temps ici
Brigetoun, la tête au bleu, le nez dans les étoiles : on aime !
La lecture réchauffe et jeanney peut servir de gilet... :-)
Claudine bleue encore aujourd'hui mais carcasse rétive et vent : je grelotte
Dominique : je ne l'ai jamais vue en vrai, mais je crois qu'en effet elle est ma taille à peu près (pas tout à fait… j'en suis à m'habiller chez les enfants en taille 12 ans)
Le dans lo demandé ;) merci Belle journée
F
le portrait m'évoque d'emblée les descriptions de Géo Paquet (le Gorille), qui a toujours comme l'air de s'excuser de son physique… les lectures d'enfance, cette seconde mémoire.
Charles JULIET, invité au Temps des Ecrivains samedi dernier, France Culture.
Un grand écrivain, à la parole rare, pas médiatique. Mais qui mérite d'être lu.
Flore ^-^
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